30 avril 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Le recteur Chems-Eddine Hafiz organise, mardi 19 avril, une rupture du jeûne de Ramadan en soutien à la réélection du candidat sortant, quelques jours après avoir appelé à voter pour lui au second tour. Cet événement, prévu dans le restaurant de la Mosquée, ne devrait pas constituer d’entrave à l’interdiction de réunions politiques dans des lieux de culte.
Juliette Paquier
Un iftar de soutien « à la réélection de Monsieur le président de la République Emmanuel Macron ». C’est par ces termes que le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a convié citoyens et personnalités de confession musulmane pour un dîner de rupture du jeûne de Ramadan, mardi 19 avril. Une annonce qui intervient quelques jours seulement après l’appel du recteur de la Grande Mosquée à voter pour le président sortant.
Dans un communiqué, Chems-Eddine Hafiz avait dénoncé les « forces malveillantes (qui) s’expriment aujourd’hui ouvertement et appellent au bannissement des musulmans ». « Comment réagir face à cette malveillance qui se banalise et s’installe dans les esprits ? », avait-il exhorté. Il estimait, en outre, que « l’abstention et le vote blanc renforceront l’extrême droite ». Cette prise de position tranchée lui a valu les critiques de plusieurs musulmans qui estimaient que cette annonce ne relève pas de ses compétences.
L’organisation du repas de rupture du jeûne se situe « dans la ligne de ce communiqué », pour encourager un « choix républicain contre l’extrémisme », selon Guillaume Sauloup, responsable de la communication de la Grande Mosquée.
Il précise par ailleurs que ce repas se déroule au sein du restaurant de la Grande Mosquée, où de nombreux candidats à des élections présidentielles se sont déjà succédé, comme Nicolas Sarkozy en 2007, Michèle Alliot-Marie la même année ou encore Jacques Chirac en 2002, venu dans l’entre-deux-tours.
L’organisation d’une manifestation religieuse en soutien à un candidat à l’élection présidentielle est-elle conforme à la loi ? L’interdiction des réunions politiques dans les lieux de culte, définie par la loi de 1905, a été renforcée par la loi « confortant le respect des principes de la République », dite loi séparatisme.
Adoptée définitivement le 24 août 2021, cette loi comporte un article (167-2) selon lequel il est interdit de « tenir des réunions politiques dans un local servant habituellement à l’exercice du culte ou dans les dépendances qui en constituent un accessoire indissociable ». Le texte interdit également « d’y afficher, d’y distribuer ou d’y diffuser de la propagande électorale, que ce soit celle d’un candidat ou d’un élu », sous peine d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende.
Selon l’un des députés rapporteurs de cette loi, « le restaurant de la mosquée n’est pas un lieu de culte ni une dépendance ». « A priori, il n’y a pas d’interdiction à ce genre d’événement, mais il faut voir la forme que prend ce rassemblement. Discours ? Vote interne ? », ajoute-t-il.
Le renforcement de l’interdiction des réunions politiques dans les lieux de culte visait avant tout « la situation inverse », poursuit-il. « À travers ce texte, nous voulions surtout lutter contre la propagande politique d’influence étrangère dans des lieux de culte en France, comme celle du président turc Erdogan, par exemple. »
Cette loi n’interdit par ailleurs pas à des responsables religieux de formuler officiellement des prises de position en soutien à un candidat à l’élection. Lors du premier tour de l’élection présidentielle, le 10 avril, près de sept électeurs musulmans sur dix avaient voté pour Jean-Luc Mélenchon, selon une étude Ifop pour La Croix."
Lire "La Grande Mosquée de Paris organise un iftar en soutien à Emmanuel Macron".
Voir aussi dans la Revue de presse Présidentielle : deux fédérations musulmanes appellent à voter pour Emmanuel Macron (AFP, la-croix.com , 15 avril 22) et la rubrique Ramadan dans Islam, les rubriques Campagne électorale dans un lieu de culte, Elections 2022 (note du CLR).
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