24 février 2016
"La caricature géante de l’évêque Marc Aillet, le San Pantzar millésime 2016, a été brûlée samedi, en fin d’après-midi, sur la place Louis-XIV. « Nous n’avons pas hésité. Et nous ne regrettons rien », tranchent, avec le recul, les organisateurs du carnaval.
Ces derniers expliquent leur choix : « Nous cherchions un sujet d’actualité. On pensait, au départ, représenter la spéculation immobilière. Nous avons finalement choisi le thème de l’extrémisme. L’évêque a pris récemment position contre l’avortement. C’est cette posture politique et citoyenne que nous dénonçons, pas l’homme religieux. D’ailleurs, nous n’avons pas brûlé de croix lors de cette cérémonie. Ce n’était pas un acte anti-religieux. »
Les membres de Ziburuko Ihauteriak rappellent que les mairies de Ciboure et Saint-Jean-de-Luz soutiennent logistiquement et financièrement le carnaval. Mais sans s’immiscer dans le choix de San Pantzar, tenu secret jusqu’au dernier moment.
L’an dernier, c’est Guy Poulou et Isabelle Dubarbier-Gorostidi (maire et première adjointe de Ciboure) qui avaient été caricaturés. Il y a quelques années, Peyuco Duhart et Michèle Alliot-Marie avaient subi la même vindicte carnavalesque. Tout comme Manuel Valls, les États français et espagnol, Nicolas Sarkozy ou Ronald Mc Donald.
« Quand les caricatures de maires de Saint-Jean-de-Luz ont brûlé sur la place Louis-XIV, personne n’est monté au créneau. Pas moi en tout cas. Ni le diocèse. Le carnaval a toujours servi de défouloir, c’est la règle. C’est choquant de voir l’effigie de quelqu’un brûler, mais il ne faut pas donner plus d’importance que cela en a », analyse le maire Peyuco Duhart.
Ce n’est pas l’avis du diocèse de Bayonne qui a dénoncé cette cérémonie ce week-end. Le chargé de communication de l’évêque, Thibault Luret, est allé plus loin en publiant lundi des photos d’exécution de Daech barrée de la mention « humour », sur son compte Twitter. Contacté par « Sud Ouest », l’intéressé n’a pas souhaité commenter ces publications. [...]
L’an dernier dans ces colonnes, l’ethnologue et historien Beñat Zintzo-Garmendia avait décrypté les rouages du carnaval basque, la veille du coup d’envoi de l’édition luzienne 2015. Ses propos prennent aujourd’hui encore plus de sens : « Le carnaval est un temps d’inversion des rôles et de libération encadrée, une soupape de sécurité, où la population peut s’exprimer. Sous le masque et le costume, on peut faire ou dire des choses excessives. Les premiers procès remontent au début du XVIIe siècle. Le carnaval était l’occasion de brocarder et de parodier les personnalités, l’Église. La bonne société ne le supportait plus et contre-attaquait. On a, par exemple, la trace du jugement d’un groupe de gens, à Saint-Sébastien. Ils s’étaient déguisés en évêques. Pour l’Église, cette moquerie était insupportable. »"
Lire "La fausse polémique du carnaval de Saint-Jean-de-Luz".
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