Revue de presse

"L’Observatoire de la laïcité, entre « camp laïque » et « gens de terrain »" (S. Le Bars, lemonde.fr , 8 av. 13)

8 avril 2013

"Outre les représentants des ministères concernés, l’Observatoire est composé de quatorze personnalités. Parmi eux, quatre parlementaires, deux UMP, un socialiste et une PRG, dont la plupart sont connus pour leur engagement sur les questions de laïcité. François-Noël Buffet, le sénateur UMP, maire d’Oullins (Rhône) fut rapporteur du projet de loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public en 2010 ; Marie-Jo Zimmermann, députée UMP de Moselle sera au sein de l’Observatoire la représentante des terres concordataires, où le financement public des cultes est autorisé et organisé. Un sujet de discorde à gauche, dont une partie plaide pour la sortie progressive de ce système dérogatoire, et qui avait provoqué un cafouillage lors de la campagne présidentielle.

A gauche, le socialiste Jean Glavany, spécialiste de la laïcité au PS et Françoise Laborde, sénatrice PRG, à l’origine d’une proposition de loi sur la neutralité religieuse pour les personnes gardant des enfants, représentent la frange partisane de l’application d’une stricte laïcité. Une approche aussi défendue par l’ancien grand maître du Grand Orient de France, Patrick Kessel, auteur d’un ouvrage récent, Ils ont volé la laïcité ! (éd. JCG, 2012), et président du Comité Laïcité République. Il y plaidait notamment pour l’inscription des deux premiers articles de la loi de 1905 dans la Constitution, projet annoncé puis abandonné par François Hollande, et pour une suppression progressive du concordat et de tout financement public des cultes. Une autre responsable politique socialiste, la maire de Bron (Rhône), Annie Guillemot, spécialiste de la politique de la Ville, rejoint aussi l’Observatoire.

Le conseiller d’Etat Alain Christnacht, qui mit en place l’instance de dialogue entre l’Eglise catholique et le gouvernement pour Lionel Jospin en 2002, représente une tendance moins radicale de la conception laïque à gauche. Le Conseil d’Etat a régulièrement rendu des avis favorables à une laïcité ouverte, contestés par des personnalités comme M.Kessel.

Présent aussi dans ce nouvel Observatoire, le philosophe Abdennour Bidar ; venu de la mission laïcité du Haut conseil à l’intégration, qui se fond dans la nouvelle structure, il a pris des positions tranchées en faveur d’une stricte laïcité. Deux des trois personnalités chargées par le ministre de l’éducation nationale d’un rapport sur la morale laïque, Alain Bergounioux (historien du parti socialiste) et Laurence Loeffel, ont aussi été nommées, de même qu’une juriste, Soraya Amrani Meki, ou le poète guadeloupéen Daniel Maximim.

Armelle Carminati, directrice générale Diversité du cabinet de consulting Accenture, représente le monde de l’entreprise et pourra apporter sa connaissance des situations de terrain. Rose-Marie van Leberghe, inspectrice générale des affaires sociales a, elle, travaillé alternativement dans des entreprises privées et publiques, et notamment dans le secteur hospitalier. L’Observatoire ne comporte pas de représentants des cultes, qui devraient être "consultés" ponctuellement.

L’Observatoire réalisera un rapport annuel sur l’état de la laïcité en France et devrait travailler en priorité sur l’opportunité et les contours d’une nouvelle loi sur le port de signes religieux dans l’entreprise, suite à l’affaire de la crèche Baby Loup. Le premier ministre devrait réunir prochainement les différents groupes politiques pour parvenir à un "consensus" sur cette question. Parmi les membres de l’Observatoire, quatre (Jean Glavany, Abdennour Bidar, Patrick Kessel et Françoise Laborde) sont signataires de la pétition demandant une nouvelle loi afin de combler « un vide juridique »."

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