25 juin 2012
"L’islamiste Mohamed Morsi, candidat des Frères musulmans, a été déclaré président de l’Egypte avec 51,7% des suffrages au second tour de l’élection du week-end dernier devant l’ancien général Ahmed Chafik, a annoncé dimanche la Commission électorale.
Le premier président de l’Egypte démocratiquement élu succède à Hosni Moubarak, renversé il y a seize mois après un soulèvement populaire inspiré du "Printemps arabe" en Tunisie.
Les prérogatives du chef de l’Etat ont toutefois été fortement réduites il y a une semaine par un décret du conseil militaire qui dirige le pays depuis février 2011.
Mohamed Morsi, 60 ans, a remporté l’élection avec près de 900.000 voix d’avance sur son rival, qui avait été le dernier chef de gouvernement de Moubarak.
Dans une allocution télévisée en soirée, il a salué "un moment historique" et souligné qu’il serait "le président de tous les Egyptiens", affirmant que la révolution se poursuivrait tant que tous ses objectifs n’auront pas été atteints.
Il a assuré que son pays tiendra ses engagements internationaux et a rendu hommage aux forces armées, dont il a salué le rôle.
Aussitôt le résultat connu, plusieurs milliers de partisans des Frères musulmans ont laissé éclater leur joie sur la place Tahrir du Caire, épicentre de la "Révolution du Nil", agitant le drapeau national aux cris de "Dieu est le plus grand !"
"N’ayez pas peur ! Les militaires doivent partir !" scandait la foule.
De nombreux Egyptiens, ainsi que les pays occidentaux, souhaitent que le nouveau président n’attende pas pour assurer la relance économique et réduire les divisions de la société égyptienne, qui sont apparues au grand jour depuis la chute de Moubarak.
GOUVERNEMENT ÉLARGI
Quelques incidents isolés ont été signalés dans certains quartiers du Caire. Dans le faubourg de Nasr City, plusieurs centaines de partisans de Chafik ont manifesté en scandant "Sauvez l’Egypte ! Les Frères vont la détruire".
Ahmed Chafik, ancien commandant en chef de l’armée de l’air âgé de 70 ans, n’a pas réagi dans l’immédiat. Il a dit par le passé qu’il proposerait ses services à un gouvernement dirigé par Mohamed Morsi.
Le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui assure la transition du pouvoir depuis la chute de Moubarak, a adressé ses félicitations au vainqueur de l’élection, rapporte la télévision égyptienne.
Le nouveau président devra travailler en étroite collaboration avec l’armée sur la nouvelle Constitution dont le pays doit se doter.
Sa victoire lors de la première élection présidentielle libre dans le pays rompt avec une tradition de domination de l’armée qui a fourni à l’Egypte tous ses présidents depuis le renversement de la monarchie il y a 60 ans et porte au pouvoir un groupe qui milite avec persévérance depuis 84 ans.
Mohamed Morsi, qui a promis de constituer un gouvernement élargi aux non islamistes, notamment à la minorité chrétienne, promet d’honorer les traités internationaux conclus par l’Egypte et notamment l’accord de paix signé avec Israël en 1979. L’aide américaine en dépend en grande partie.
Israël, qui a salué une nouvelle étape du processus démocratique, veut "poursuivre sa coopération avec le gouvernement égyptien sur la base de l’accord de paix entre les deux pays, qui sert les intérêts des deux peuples et contribue à la stabilité régionale", a dit le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
"ÉTAPE IMPORTANTE VERS LA DÉMOCRATIE"
La Maison blanche a félicité Mohamed Morsi en l’appelant à prendre en compte les droits de tous les Egyptiens.
"Nous félicitons le peuple égyptien pour cette étape importante dans la transition vers la démocratie", a dit le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney, qui a appelé le nouveau chef d’Etat égyptien à faire en sorte que son pays demeure "un pilier pour la paix, la sécurité et la stabilité dans la région".
A Téhéran, le ministère iranien des Affaires étrangères voit dans la victoire de Morsi l’une des dernières étapes du "Réveil islamique". "Le mouvement révolutionnaire du peuple égyptien (...) est dans la phase finale du ’Réveil islamique’ qui va ouvrir une ère nouvelle au Proche-Orient", estime-t-il.
Dans la bande de Gaza, où la victoire de Morsi a été fêtée avec enthousiasme dans les rues, le gouvernement du Hamas a souhaité que l’Egypte nouvelle "joue un rôle historique pour la cause palestinienne, en aidant la nation palestinienne à retrouver la liberté et à retourner chez elle". Le Hamas a aussi souhaité que l’Egypte aide à mettre fin au blocus de Gaza par les Israéliens.
En Cisjordanie, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a salué "le choix du grand peuple égyptien". Pour son conseiller Saëb Erekat, la victoire de Morsi montre que "la cause palestinienne est la priorité numéro un de tous les Egyptiens".
A Paris, Le président François Hollande a félicité Mohamed Morsi en souhaitant que la transition vers la démocratie se poursuive dans ce pays. "Notre pays se tient prêt à travailler avec le nouveau président élu", écrit François Hollande dans un communiqué.
"Il importe aujourd’hui que la transition, commencée en février 2011, se poursuive afin, conformément aux engagements pris, que s’établisse en Egypte un système politique démocratique et pluraliste et un Etat de droit garantissant les libertés civiles et politiques de tous les citoyens comme des minorités", ajoute-t-il.
Dès l’annonce de la victoire, les Frères musulmans ont fait savoir qu’ils continueraient à manifester contre la dissolution du parlement et contre les mesures réduisant les pouvoirs du chef de l’Etat.
"Les manifestations pacifiques vont se poursuivre à travers l’Egypte. Le combat pour une nouvelle Egypte ne fait que commencer", a déclaré Gihad Haddad, membre de la confrérie."
Lire "L’islamiste Mohamed Morsi nouveau président égyptien".
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