21 octobre 2016
"[...] L’homme, né à Paris le 10 mai 1981, a été condamné en 2008 à six années de prison, reconnu comme un des chefs de la « filière des Buttes-Chaumont » qui recrutait des volontaires du jihad pour combattre en Irak. Parmi ses élèves, un certain Chérif Kouachi qui, accompagné de son frère aîné Saïd, a commis en janvier 2015 l’attentat contre Charlie Hebdo. [...]
L’évolution a de quoi surprendre. Notamment au ministère de l’Intérieur, où l’on assure avoir toujours opposé un « non » catégorique aux demandes de Bouzar de travailler avec Benyettou : « Son profil et son parcours n’en font pas pour nous un partenaire de confiance. » Quand Bouzar insiste, lors d’un comité de pilotage avec le ministère et le Comité interministériel pour la prévention de la délinquance (CIPD), en janvier 2016, pour faire intervenir l’ancien jihadiste auprès des jeunes suivis par son association (1), le même refus lui est signifié par l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat). L’ex-éducatrice à la protection judiciaire de la jeunesse n’en a cure et décide de passer outre les consignes. [...]
Une collaboration qui interpelle plusieurs interlocuteurs spécialistes des milieux jihadistes. « Utiliser Benyettou, c’est sacrément culotté vu l’histoire du personnage, souligne un universitaire. C’est une liberté à laquelle aucune administration publique ne se serait risquée. J’espère que Bouzar sait ce qu’elle fait. » Il évoque notamment une « littérature, dont font partie quelques e-book qui ont circulé sur Internet, dans laquelle les organisations terroristes conseillent à leurs recrues de passer pour des repentis pour refrapper ensuite ». Le chercheur Romain Caillet, auteur du blog « Jihadologie » sur Libération.fr, juge l’initiative de Bouzar « pas bête », même s’il la trouve « contradictoire » avec le discours qu’elle a « longtemps tenu sur le fait que l’engagement jihadiste n’avait aucun rapport avec la religion ». [...]"
Lire aussi "En Seine-Saint-Denis, la cellule de déradicalisation tourne au fiasco" (lefigaro.fr , 7 sept. 16) (note du CLR).
Comité Laïcité République
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