10 mars 2009
Lire Liban : "Un mariage sans curé ni imam" (Now Lebanon / Courrier international, 5 mars 09).
"Grégoire Haddad, 85 ans, est sans doute l’évêque le plus controversé du Liban. Par le passé, il a été qualifié d’hérétique pour s’être insurgé contre l’Eglise catholique. Il a été jugé par le Vatican, même si l’accusation d’hérésie n’a finalement pas été retenue contre lui. Lors du procès, il a insisté pour avoir la même salle d’audience que celle dans laquelle Galilée fut jugé, en 1632, pour avoir affirmé que la Terre tournait autour du Soleil, ce qui donne une idée de l’inclination de l’“évêque rouge” à la bagarre. Pendant quarante ans, du Mouvement social au Mouvement pour une société civile, il a lutté contre le confessionnalisme et fait campagne pour la laïcité, militant pour un Etat régi par des lois et des droits civils. Un mois avant la publication par Ziad Baroud, le ministre de l’Intérieur, d’une circulaire autorisant les Libanais à ne pas mentionner leur religion sur les fiches d’état civil, cet évêque iconoclaste, aujourd’hui en maison de retraite, a envoyé un émissaire au Bureau d’état civil pour supprimer de sa propre fiche la mention de son appartenance religieuse. “Si je l’ai fait, tout le monde peut le faire”, a-t-il déclaré.
Quel message cherchez-vous à faire passer ?
GRÉGOIRE HADDAD Je me suis battu contre le confessionnalisme depuis les années 1960.
Que pensez-vous de cette initiative ?
Elle ne représente qu’une modeste étape dans le chemin à accomplir, mais c’est un pas très important. C’est à la base qu’il faut amorcer le changement. Les lois doivent être remaniées, les droits amendés. Il faudra organiser une série de campagnes pour sensibiliser la population à l’importance de se doter d’un Etat laïc.
Avez-vous entendu parler du mariage civil qui a été célébré ?
De telles cérémonies sont essentielles pour faire accepter l’idée du mariage civil. Des dignitaires religieux, chrétiens et musulmans, se sont opposés au mariage civil. Mais les chrétiens sont plus réfractaires, car, dans l’islam, le mariage est une forme de contrat civil. Les autorités chrétiennes rejettent l’idée d’un tel mariage par peur de perdre du pouvoir et de l’argent.
Vous a-t-on critiqué pour vous être élevé contre votre religion ?
Les critiques n’ont rien de nouveau pour moi. Ce qui compte, c’est d’avoir la conscience tranquille. En tant que chrétien, je trouve la paix dans la laïcité, et non dans le sectarisme. Un véritable chrétien doit accepter les gens tels qu’ils sont, et nul ne doit les dissuader de vivre comme ils l’entendent. L’être humain doit être estimé pour ce qu’il est, et non pour ses croyances."
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
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