Revue de presse

"L’État vigilant face aux dérives séparatistes d’élus municipaux" (lefigaro.fr , 16 août 20)

17 août 2020

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"[...] Une mise en garde d’autant plus actuelle que les récentes élections municipales des 15 mars et 28 juin derniers ont été marquées par l’arrivée, dans des conseils municipaux, comme maire, conseillers de la majorité ou de l’opposition, de candidats se défendant de tout communautarisme musulman mais dont le parcours pose question.

La question, présente dès les années 1990-2000, des dérives politiques communautaristes ou séparatistes a commencé à faire la une de l’actualité lors des législatives de 2017, avec notamment des candidats ouvertement favorables au président turc islamiste Erdogan. Puis à l’occasion des européennes de 2019 avec le score de l’Union des démocrates musulmans français (UDMF) : moins de 0,5 % au niveau national mais bien plus élevé dans certains bureaux de vote (16,74 % au Val-Fourré, 7,43 % à Garges-lès-Gonesse, 6,68 % à Montereau-Fault-Yonne, 6,39 % à La Courneuve et 6,36 % à Chanteloup-les-Vignes). [...]

En amont, l’Intérieur s’est donc intéressé exclusivement à trois types de phénomènes : les listes à la tendance confessionnelle, les candidats intégrés dans des listes laïques mais sensibles aux thèses islamistes, et enfin les pressions exercées par certains lieux de culte ou associations. Côté confessionnel, on trouvait dans la quinzaine de listes visées, celles de l’UDMF (à Paris, Nanterre, Clichy-la-Garenne, Joué-lès-Tours, Châtellerault, l’UDMF soutenant également Samy Debah à Garges-lès-Gonesse) mais aussi les listes proches de l’Union turco-islamique d’affaires religieuses (Ditib, liée à l’État turc et à Erdogan).

Au vu des relations franco-turques, de l’islamisation en cours en Turquie et des liens entre candidats français et Ankara, qui joue la carte du soft power, une ingérence turque est particulièrement surveillée. Quelques autres listes étaient enfin menées par des personnalités controversées. Ainsi à Saint-Étienne-du-Rouvray où une telle liste a recueilli 13,69 % des voix avec deux élus. La tête de liste, qui se définit comme « laïque » est imam, aumônier musulman à la prison de Rouen, fondateur d’une librairie islamique où l’on trouve des ouvrages fondamentalistes et auteur par le passé de déclaration antisionistes et anti-israéliennes. Il enseigne par ailleurs à l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Saint-Denis, qualifié par le responsable d’un service de renseignement de « clairement frériste » (pour Frères musulmans).

Du côté des individus isolés dans des listes classiques, on peut citer l’exemple, à Vénissieux, d’un candidat intégré et élu sur une liste LREM. Il a la particularité de s’être présenté aux législatives de 2017 sous l’étiquette du Parti égalité et justice, islamo-conservateur et décrit comme proche d’Erdogan. Enfin, sur les pressions, dans quelques communes, du Val-d’Oise par exemple, des mosquées auraient donné des consignes de vote ou auraient incité les fidèles à s’inscrire sur les listes électorales pour peser sur le scrutin. [...]"

« Le contrôle de légalité est important, nuance un élu de la région parisienne, mais les personnes en question se savent surveillées et ne sont pas stupides. La question essentielle est celle des subventions publiques distribuées dans des villes souvent en difficulté : l’État aura-t-il le courage de surveiller les associations qui en bénéficient et leurs liens éventuels avec le séparatisme ? » « La question des subventions est vitale », approuve un haut fonctionnaire.

Un travail important a déjà été réalisé mais il faut mieux conditionner les aides publiques à l’exemplarité des associations. Dans le cadre du projet de loi sur les séparatismes, on pourrait ainsi imaginer que, pour avoir accès à ces fonds, une association devrait signer une charte des valeurs républicaines. Un refus l’empêcherait d’avoir accès aux subventions et une violation de la charte entraînerait une interruption de leurs versements. Dans l’Hérault, la préfecture a d’ores et déjà mis en place un tel dispositif avec une charte de la laïcité que doivent signer les associations et où il est notamment précisé « qu’aucune religion ni aucun courant de pensée ne peut imposer ses prescriptions à la République ». La solution a le mérite de clarifier la situation mais elle n’empêche bien sûr pas la dissimulation et n’exonère pas l’État d’un travail en profondeur sur le tissu associatif et ses responsables. L’argent étant, en matière d’islamisme comme en d’autres, le nerf de la guerre, ce chantier des subventions est essentiel. Et la lutte ne fait que commencer."

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