1er juin 2015
"C’est en France qu’Ensaf Haidar a achevé, vendredi 29 mai, une tournée européenne pour demander la libération de son époux, Raïf Badaoui, un blogueur saoudien condamné en novembre 2014 à dix ans de prison et 1 000 coups de fouet pour « insulte à l’islam ». « Ma démarche n’est pas de faire pression sur Riyad, mais de communiquer sur un cas humanitaire, celui de mon mari qui a toujours prôné la paix et la liberté, et qui aujourd’hui manque cruellement à sa famille » [...].
« Je demande aux gouvernements que je rencontre d’entrer en contact avec leurs homologues saoudiens pour parler de Raïf », a-t-elle indiqué, avant une rencontre avec des responsables du ministère des affaires étrangères. « J’espère que cela aura un impact positif pour la libération de Raïf », a-t-elle dit.
Animateur du site internet Liberal Saudi Network et lauréat 2014 du prix Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse, il est emprisonné depuis 2012. Farouche défenseur de la liberté d’expression, son site internet avait demandé la fin de l’influence religieuse dans le royaume, régi par le wahhabisme, une stricte version de l’islam. L’intégralité de ses écrits a été traduite en français et réunie dans un petit livre intitulé « 1 000 coups de fouet parce que j’ai osé parler librement », publié aux éditions Kero, avec le soutien d’Amnesty international.
Une à deux fois par semaine, Raïf Badaoui est autorisé à appeler son épouse. Pas plus de dix minutes. « Son état physique et moral s’est dégradé mais les efforts entrepris par des gens du monde entier améliorent son état d’esprit. Il se sent soutenu. Cela lui donne une lueur d’espoir », a-t-elle témoigné jeudi lors d’une rencontre au siège d’Amnesty international. L’organisation, qui a déclaré Raïf Badaoui « prisonnier d’opinion », a joué un grand rôle dans la mobilisation internationale sur le sort du blogueur saoudien.
Sa situation a soulevé l’indignation à travers le monde et les Nations unies ont dénoncé une sentence « cruelle et inhumaine ». Après une première séance de flagellation le 9 janvier, les séances suivantes ont été repoussées pour des raisons de santé, puis pour des motifs non précisés. L’Arabie saoudite a dénoncé la campagne médiatique autour de Raïf Badaoui, rejetant toute « ingérence » et toute critique contre son système judiciaire.
Le 21 janvier, le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius avait dit être intervenu auprès des autorités saoudiennes en faveur de Raïf Badaoui. « Nous sommes intervenus et d’ailleurs la sentence qui est inhumaine a été suspendue et j’espère qu’elle sera complètement reportée. Nous soutenons la liberté d’expression partout dans le monde », a-t-il déclaré. Le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, a de son côté estimé qu’à ce stade « la position française ne s’est pas illustrée par sa force ». Le président français François Hollande a été reçu en grande pompe début mai à Riyad dans un contexte de volonté mutuelle de renforcer les relations bilatérales. [...]"
Lire "L’épouse du blogueur saoudien emprisonné Raïf Badaoui exhorte la France à agir".
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