Comité Laïcité République - La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une

"[...] Dimanche 27 février, quatre jours après le début des hostilités, le patriarche de Moscou et de toutes les Russies délivrait un sermon offrant une caution spirituelle à l’« opération militaire », au nom de la lutte contre des « forces obscures extérieures ».

Une semaine plus tard, à la veille du carême, le prélat a précisé la nature de ces « forces du mal ». Il s’agirait, selon lui, des nombreux pays qui organisent la Gay Pride. D’après le patriarche, la principale raison du conflit dans le Donbass (qui a débuté en 2014) ne serait d’ailleurs que la résistance désespérée de cette région de l’est de l’Ukraine contre la « dépravation occidentale » incarnée par les marches homosexuelles. [...]

Un nouveau pas est franchi le 28 février : ce jour-là, après l’intervention du métropolite Onufrij, c’est au tour du synode de l’Église orthodoxe ukrainienne rattachée à Moscou de demander au patriarche Kirill d’exhorter les dirigeants russes à faire taire les armes. Le 2 mars, plusieurs dizaines de prêtres et de diacres appellent même à convoquer un concile national de l’Église ukrainienne orthodoxe pour acter son indépendance vis-à-vis de Moscou.

Si ces appels n’ont apparemment pas infléchi le sommet de la hiérarchie orthodoxe russe, la base, elle, n’apparaît guère toute alignée. « Un ferment pacifiste commence à être observé même au sein du clergé moscovite », soulignait ainsi récemment la Novaïa Gazeta, dernier organe de presse indépendante en Russie. Une pétition rassemblant près de trois cents signatures de prêtres et de diacres orthodoxes russes a circulé pour réclamer « une réconciliation et un cessez-le-feu immédiat ». « Arrêtez la guerre », peut-on lire en conclusion de ce texte, qui fait référence au fratricide biblique de Caïn pour illustrer la déchirure entre croyants ukrainiens et russes. [...]"

Lire "L’Église orthodoxe traversée de tensions, entre soutien au Kremlin et dénonciation du conflit".