Revue de presse

Marc Blondel : l’Eglise a une “influence politique” (Témoignage chrétien, 15 av. 10)

16 avril 2010

"[...] Avec régularité, des études font état de l’évolution du nombre de croyants, notamment catholiques, mais pas seulement, qui s’exprimeraient sur le territoire national. Quels sont les éléments sérieux qui peuvent mesurer ces influences, notamment dans le domaine quantitatif ?

Pour l’Église catholique, faut-il recenser les baptêmes, les communions, les mariages religieux, voire les enterrements ? La fiabilité statistique est contestable. Prenons l’exemple du baptême, celui-ci assure-t-il une fidélité à toute épreuve, n’est-il pas l’héritier d’une décision parentale qui peut toujours être remise en cause par l’abandon ? D’aucuns prétendent que l’on peut mesurer l’évolution à travers la présence, lors des cérémonies (messes notamment) régulières voire accidentelles (à l’occasion des décès). Autre mesure fréquemment utilisée, le nombre des vocations et d’engagements dans la prêtrise. Là encore, le critère est contestable dans la limite où nous n’en sommes plus à l’engagement professionnel dans la religion du cadet, des bonnes familles. Tout cela pour dire qu’il est difficile de mesurer, statistique­ment, l’évolution de l’influence des religions, même la fréquentation des établissements scolaires religieux n’est pas un critère statistiquement exact.

Pour autant l’Église perd-t-elle de son influence, nous ne le croyons pas, l’influence est maintenant directement politique. Pour preuve le discours du président de la République au Latran au cours duquel il précise que la religion ne doit pas rester du domaine exclusif de la spiritualité. Lors de sa visite pastorale, le pape Benoît XVI sera plus mesuré en la matière. Le président n’hésitera pas à déclarer que la laïcité n’a pas été capable de s’opposer aux dictatures et qu’un instituteur ne pourra jamais donner l’espérance que peut initier un curé.

Cette orientation, curieuse, pour un président d’un pays laïque, est confirmée dans la pratique par le désir, avorté, de nommer au Conseil Économique et Social des représentants religieux en cette qualité et surtout par la conclusion de l’accord Kouchner/Vatican sur la collation des grades qui découle du processus de Bologne. Il est vrai que le contexte international, et notamment l’Union européenne l’encourage à ce comportement. Sur les 27 pays européens, 25 reconnaissent une ou des religions d’État. La pression est telle que le président Barroso reçoit, comme des interlocuteurs officiels, les représentants des religions, celles-ci revendiquant, actuellement, la généralisation de ce dialogue au Conseil européen et au Parlement.

De fait, les religions, nonobstant leur importance réelle, prennent de plus en plus d’importance dans la vie publique, il suffit de lire les propositions qui découlent de la Doctrine sociale de l’Église, nous pensons à Monsieur Hirsch et au RSA par exemple, pour en mesurer les conséquences. En matière sociale, il y a une différence entre la charité et la compassion et le droit et la dignité.

Il est évident que faciliter voire provoquer l’identification des gens à travers leur engagement spirituel présumé ou réel ne peut conduire qu’au communautarisme. Ce serait remettre en cause la notion égalitaire de la République où la loi et le droit sont le produit du citoyen et non d’une autorité religieuse. Dans ce contexte, seule la laïcité peut durablement éviter les conflits. Les libres penseurs et les laïques ne peuvent l’oublier."

Lire ”Influence politique”.


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