4 décembre 2015
"Les équipes éducatives sont plus attentives au faisceau d’indices qui laisse penser qu’un jeune est sous emprise mentale…
Plus question de passer sous silence une vérité qui dérange. Selon nos informations, l’Education nationale a recensé 857 cas de suspicion de radicalisation chez des élèves de 27 académies (sur 30) pour l’année scolaire 2014-2015. Ces cas concernent surtout des collégiens ou des lycéens de grosses académies, comme Créteil, Versailles, Marseille ou Grenoble. Un chiffre qui peut sembler alarmant, mais qui est à relativiser au regard des 5,5 millions de collégiens et de lycéens français.
Il reflète surtout la plus grande vigilance de la rue de Grenelle par rapport à ce phénomène. Quelques jours après les attentats de janvier 2015, le ministère a ainsi diffusé un livret intitulé Prévenir la radicalisation des jeunes à l’usage des équipes éducatives. Une sorte de guide pratique leur permettant de repérer les signes d’une radicalisation en cour d’un élève. « On leur demande d’être attentifs à tous les signes d’une rupture brutale et significative chez l’élève, qu’il s’agisse d’une rupture relationnelle ou dans les apprentissages », explique-t-on au ministère.
Et l’outil semble être efficace à en croire Céline Rigaud, chargée de la laïcité au SE-UNSA : « Les équipes disposent désormais d’une grille de décryptage des comportements inquiétants qui, lorsqu’ils se cumulent, peuvent clairement montrer qu’un élève est en train de basculer. Cela permet de distinguer ce qui tient de la provocation, propre à l’âge adolescent et de l’endoctrinement », explique-t-elle.
« Nous sommes par exemple, attentifs aux élèves ayant un nouveau comportement alimentaire et vestimentaire combiné par exemple, avec un changement de comportement vis-à-vis des femmes, une contestation systématique de certains enseignements (notamment en histoire, science de la vie et de la terre), des positions doctrinaires qui empêchent toute ouverture d’esprit, des discours de rejet de la société occidentale, un soudain intérêt pour la religion… », énumère Michel Richard, secrétaire général adjoint du SNPDEN (Syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale).
Les équipes éducatives prêtent aussi davantage l’oreille aux témoignages des camarades qui révèlent un discours de haine d’un élève sur les réseaux sociaux ou le fait qu’il fréquente des sites djihadistes. L’inquiétude des familles qui alertent parfois le chef d’établissement, est aussi mieux prise en compte depuis un an. Et si certains enseignants se montraient au départ réfractaires à l’idée de signaler des attitudes inquiétantes, le pas semble désormais être franchi : « ils ont compris qu’il ne s’agissait pas de délation, mais de prévention et de protection des mineurs », affirme Michel Richard.
Chaque académie dispose aussi désormais d’un référent « radicalisation », à qui les chefs d’établissement font remonter les informations. Lorsque les signaux inquiétants concernant un jeune se confirment, ce dernier prévient une cellule préfectorale de suivi pour la prévention de la radicalisation et l’accompagnement des familles, mise en place depuis près d’un an.
« Ces structures travaillent sur les solutions pour amener ces jeunes à sortir de l’embrigadement, en mettant en place un accompagnement personnalisé », précise le ministère. Pas question d’exclure les élèves en voie de radicalisation de leur établissement. La démarche est au contraire de les réinsérer, en faisant intervenir à la fois le chef d’établissement, une assistante sociale, un éducateur, une association d’aide à la parentalité… Une prise en charge globale qui fonctionne, car la plupart des élèves prêts à déraper, retrouvent finalement la voie de la raison."
Lire "L’Education nationale recense 857 élèves en voie de radicalisation sur l’année 2014-2015".
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