16 janvier 2016
"[...] La guerre terroriste déclarée à la société ne constitue pas, malgré son intitulé, un combat, mais une simple tuerie qui s’abat sur des personnes désarmées pour obtenir des avantages psychologiques : créer la tension entre les différents groupes ou communautés ; distiller un sentiment de peur et de passivité qui pourrait à terme nuire aux interventions militaires.
Le dernier attentat commis à Marseille par un Turc agé de seize ans, au nom de Daësh, contre Benjamin Amsellem, professeur à l’Institut franco-hébraïque La Source, traduit clairement la connexion entre le djihadisme salafiste et le « nouvel » anti – sémitisme. Une partie des musulmans en France sont en effet travaillés par une propagande anti -sémite incessante émanant des diverses tendances islamistes, des courants extrêmistes, provocateurs comme Dieudonné, ou communautaristes, à la façon du Parti des indigènes de la République. Cet anti-sémitisme peut rejoindre la stratégie djihadiste telle qu’elle a été explicitée, notamment, par Abou Moussab al-Souri. C’est ainsi qu’un modèle de l’opération terroriste à composante anti-sémite s’est mis en place, depuis 2012, avec Merah, l’assassin de Toulouse, et s’est reproduit, avec la cellule de Cannes Torcy (attaque à la grenade d’une épicerie cacher à Sarcelles, 2012), Nemmouche (attentat du Musée juif de Bruxelles, 2014), Coulibaly (tuerie de l’Hyper Cacher de Vincennes, 2015), Omar El-Hussein (fusillade à la grande synagogue de Copenhague, 2015). La dimension judéophobe n’est pas même absente des carnages du 13 novembre. Mais, si l’horreur des crimes de Merah laissés sans véritable réaction a pu susciter ce « remords terrible » dont parle Mona Ozouf, le mouvement « Je suis Charlie » a su, il y a un an, fédérer de manière décisive les différentes solidarités : je suis Charlie ; je suis Juif ; je suis policier.
Une nouvelle fois, il n’y a pas d’autre choix que de réagir. Nous devons d’abord condamner ce nouvel attentat et cette nouvelle horreur en désignant clairement le coupable : le djihadisme salafiste, et Daësh. Nous devons aussi manifester fortement notre solidarité avec les Juifs sur le modèle de cette attention aux victimes qui s’est exprimée après le 13 novembre. Mais réagir, c’est agir. Nous ne pouvons plus nous contenter de trouver et punir les coupables ou de travailler à la dé-radicalisation. Il faut maintenant prévenir, c’est-à-dire arrêter les futurs attentats, tarir à leur source le recrutement des djihadistes. Si le rôle de l’Etat est primordial pour la recherche des coupables, c’est à la société de mener le débat des idées et le combat des volontés. La décence retrouvée des Français ordinaires est la meilleure réplique à la guerre psychologique des terroristes."
Comité Laïcité République
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