5 mars 2023
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Lire "L’addiction du Hezbollah au trafic de came".
"Jérôme Fritel et Sofia Amara, coauteurs du documentaire en trois parties "Hezbollah. L’enquête interdite", diffusé sur France 5, ont mis au jour un pan méconnu de l’histoire du mouvement terroriste chiite libanais : son financement par le trafic de drogue, du haschisch à la cocaïne. La réalité des faits est attestée par une enquête de la Drug Enforcement Administration (DEA), l’agence fédérale américaine chargée de lutter contre le trafic de drogue, conduite de 2008 à 2015 et baptisée opération Cassandre.
Cassandre est la prophétesse grecque des mauvaises nouvelles, et la mauvaise nouvelle est que le mouvement parrainé par l’Iran tient une partie de son impunité des immenses ressources financières dont il dispose, bien supérieures à celles de l’État libanais, au bord du gouffre. Et la drogue est un important pourvoyeur de cet argent.
La raison ? Pour constituer, depuis quarante ans, un parti politique, une milice armée et un réseau terroriste international, le « Parti de Dieu » a besoin de moyens gigantesques, que l’aide iranienne ne suffit pas à fournir. Une solution : les activités illégales. D’abord la culture du haschisch sur 5 000 hectares de la plaine de la Bekaa, au Liban, soit une production de 300 tonnes par an, dont une partie est écoulée vers l’Europe et vers… Israël. Profit : 180 millions de dollars. Commencée au début des années 1980, la narcoactivité du Hezbollah est montée en régime pour devenir mondiale, facilitée par la présence sur tous les continents d’une diaspora chiite libanaise généralement commerçante.
L’Amérique latine est l’une de ces zones d’implantation : le Venezuela de Chávez, la zone de la triple frontière entre Argentine, Brésil et Paraguay en sont les bastions. Mais pas seulement : en 2005, la police équatorienne démantèle un réseau de trafic de cocaïne qui finançait le Hezbollah, dirigé par un restaurateur d’origine libanaise. La police allemande appréhende, en 2010, des trafiquants germano-libanais qui ont fait passer plusieurs millions d’euros au Hezbollah : ils transféraient l’argent à leurs familles sympathisantes du groupe, lequel récupérait ensuite les fonds. Mais la plupart des circuits financiers sont nettement plus sophistiqués, à tel point que l’imposante communauté bancaire libanaise a voulu faire le ménage en son sein pour sauvegarder sa réputation.
Elle confie une enquête à un ancien ministre de la Justice de Bush reconverti en consultant, John Ashcroft. Celui-ci identifie près de 200 comptes douteux par lesquels des trafiquants libanais blanchissaient l’argent de la drogue par un circuit original : ils achetaient des cargaisons de voitures d’occasion aux États-Unis et les revendaient en Afrique, où des commerçants libanais avaient acquis d’immenses terrains près des villes côtières (histoire de débarquer les véhicules), transformés en parkings géants où les acquéreurs de voitures venaient faire leur marché. Paiements généralement en cash, virements par le garagiste sur un compte dans une banque véreuse, et le pactole arrivait au Hezbollah.
En 2012, les autorités américaines estimaient le total de cet argent sale à 483 millions de dollars. La Lebanese Canadian Bank, sanctionnée par les États-Unis, a fermé. En 2019, la Jammal Trust Bank, qui a des succursales en Côte d’Ivoire et au Nigeria, a aussi été visée, soupçonnée, ce qu’elle dément, d’aider le mouvement chiite. L’économie libanaise étant entièrement dollarisée, ses établissements financiers doivent avoir accès au système bancaire américain. Cela étant, la place financière de Beyrouth est tellement vérolée que, malgré les efforts réels des adversaires locaux du Hezbollah, celui-ci a encore des ressources pour continuer à recycler l’argent de la drogue."
Comité Laïcité République
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