Ken Loach, cinéaste britannique. 16 septembre 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Le réalisateur britanique a du mal à s’émouvoir, car le système monarchique est anachronique."
Propos recueillis par Agnès C. Poirier (Londres).
"Je ne suis pas monarchiste, comme vous pouvez vous en douter. Pour moi, il existe une profonde contradiction et une indépassable opposition entre les mots et concepts de démocratie et de monarchie. On ne peut justifier ni accepter que le chef de l’Etat soit à la tête d’une démocratie par la simple vertu de sa naissance. C’est évidemment une bonne chose que ce chef de l’Etat soit neutre. Cependant, ce monarque est le symbole de la classe dirigeante et d’un système de classe totalement anachronique. Nous parlons ici d’aristocratie, héritière de terres et de richesses par le seul mérite de la naissance.
Son attitude à l’égard des autres peut évidemment être gracieuse, charitable et bienveillante, je ne lui enlève certainement pas ces qualités humaines, mais le système se perpétue. De nombreux commentateurs louent la continuité de l’institution, mais moi je ne vois que la préservation et la concentration de privilèges pour quelques-uns. Cette continuité de la monarchie et de ce système de classe ne fait qu’engendrer et perpétuer pauvreté et inégalités. Dans ces conditions, il m’est difficile d’avoir de l’empathie ou de l’affection pour ses membres. La reine était très aimée et je veux bien croire qu’elle était une bonne âme, mais en réalité, nous ne savions que très peu de choses d’elle, nous ne la connaissions pas, nous ne savions pas du tout ce qu’elle pensait. Que peut-on dire ? Qu’elle avait le sens de l’humour, certes, et qu’elle était courtoise et même parfois chaleureuse. Mais qui était-elle vraiment ? Une inconnue.
Quant à Charles, on doit lui reconnaître d’avoir été un activiste écologiste de la première heure dans son combat pour la préservation de la planète, bien plus que n’importe quel homme ou femme politique.
Cependant, la monarchie est enveloppée, protégée d’une telle propagande qu’il m’est difficile de ressentir de l’émotion, même en ce moment. Il nous faudrait un chef d’Etat élu, à l’instar du président irlandais, Michael D. Higgins, poète et homme de culture. Les présidents allemands et italiens sont également de bonnes références. Ce qu’il faut à la Grande-Bretagne, c’est un président ou une présidente honoraire pour tout ce qui est cérémonial et symbolique. Une personnalité élue par le peuple et qui fait consensus, pas un aristocrate qui croit son pouvoir justifié par le droit divin."
Lire "Ken Loach : "Qui était vraiment Elizabeth II ? Une inconnue"".
Voir aussi dans la Revue de presse le dossier D’Elizabeth II à Charles III dans la rubrique Royaume-Uni (note du CLR).
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