Julien Landfried : "Parler de « communautés » est la plupart du temps un abus de langage" (Témoignage chrétien, 10 nov. 05)

22 décembre 2007

"Le terme « communautarisme » n’est-il pas un mot-valise que chacun utilise sans trop se soucier de sa définition précise ?

Julien Landfried : Il s’agit en tout cas d’un concept assez récent qui a tout au plus une trentaine d’années. Je crois que son entrée dans le Petit Robert ne date que de 2005. Il règne en effet une espèce de flou autour de ce terme. Ce qui n’empêche pas qu’on puisse chercher à en définir précisément certains sens.
Mais sans aller jusqu’au « communautarisme », c’est déjà le terme « communauté » qui pose problème. D’abord parce que les communautés, ça n’existe pas. Montrez-m’en une ! Prenez l’exemple de ce qu’on appelle la « communauté » juive. De quoi s’agit-il ? De tous les juifs de France ? De ceux qui se reconnaissent dans certaines organisations qui se veulent représentatives, tel le Crif ? Dans ce cas, cela concernerait, d’après les chiffres fournis par le Crif, environ 100 000 personnes, sur 600 000 juifs en France. Et encore, ces chiffres ne sont que des compilations du nombre d’adhérents d’organisations qui elles-mêmes adhèrent au Crif, des chiffres indirects, donc. Pour les organisations musulmanes, l’UOIF doit avoir entre 30 000 et 40 000 adhérents, ce qui est très peu par rapport au nombre de musulmans en France. Quant à la « communauté » homosexuelle, une organisation comme Act-up ne regroupe tout au plus qu’une cinquantaine de militants, l’Inter-LGBT est aussi un groupuscule. Parler de « communautés » est la plupart du temps un abus de langage dont usent volontiers les journalistes."

Lire « Une inflation de revendications ».


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