Yann Lalande, directeur de la rédaction du "Journal de Saint-Denis". 19 novembre 2020
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Suite à l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie par un terroriste islamiste le 16 octobre vous auriez dû lire dans ce même « Coin de la Une » le 28 octobre, un éditorial intitulé « De l’esprit munichois » [1].
Les éditos du JSD, s’ils sont écrits par le rédacteur en chef, font toujours l’objet d’une validation collective des autres membres de la rédaction. Le texte en question n’a pas été validé par certains journalistes. Entendons-nous bien, il ne s’agissait pas de remarques sémantiques marginales. Les propositions d’édito font presque toujours l’objet d’ajustements et celui-ci ne faisait pas exception. On parle ici d’un désaccord de fond sur un sujet fondamental. Attaché au principe de validation de groupe et parce que, plus que jamais, la réponse au défi posé par l’islamisme doit être collective, j’ai fait le choix de ne pas faire paraître l’éditorial initialement préparé.
La différence profonde de perception de la société française qui s’est manifestée à cette occasion, s’était déjà fait jour à plusieurs reprises au sein de la rédaction du JSD. Nous avons essayé d’en tirer les conséquences collectivement mais aucune réponse satisfaisante n’est apparue. Je quitterai donc mes fonctions de directeur de la rédaction dans les prochaines semaines.
C’est une décision lourde de sens à titre personnel comme pour le titre dont j’ai la responsabilité éditoriale. Mais arrive un moment où il faut poser des actes. Reprendre sa liberté n’est pas fuir. Je n’entends simplement plus cautionner certaines idées ou certains comportements et refuse de mettre la poussière sous le tapis.
Considérant qu’un journal d’information locale ne doit pas être le reflet des seules inclinations de son directeur, mais l’expression des différentes sensibilités des membres de sa rédaction, j’ai souhaité pendant les trois années passées à la direction de la rédaction du JSD avoir l’approche la plus pluraliste possible. Bien des articles parus dans ces pages, je ne les aurais pas écrits, ou pas comme ça. Le paradoxe de l’époque fait qu’au JSD, sur certains sujets, la censure ne vient pas de l’extérieur mais de l’intérieur. Elle est le fait de cettegauche qui passe son temps à dire ce qu’il ne faut pas faire, ou ce qu’il ne faut pas dire plutôt qu’agir. Cette gauche et sa collection de "cheveux à couper en quatre", minée par son individualisme forcené. Cette gauche qui vole de chapelle identitaire en chapelle victimaire, sans pouvoir ne plus rien assumer d’autre discours collectif que le "nous sommes tous différents". Cette gauche enfin qui essentialise chacun et chacune.
Le JSD est le journal de tous les Dyonisiens. Certains semblent avoir du mal à le comprendre.
Pour ma part, ce fut un immense plaisir et un grand honneur de tenter de vous informer de la façon la plus honnête possible, dans les limites du genre. Nous n’y sommes pas toujours parvenus, mais au moins avons-nous essayé. J’en profite pour remercier tous ceux qui ces derniers jours m’ont témoigné chaleureusement leur soutien. Un dernier petit mot pour mes contempteurs préférés : c’est le moment de vous commander un nouveau punching-ball pour noël !
Yann Lalande, directeur de la rédaction"
[1] Je le tiens à disposition pour ceux qui le souhaite
Voir aussi le communiqué du CLR Mort pour la France (CLR, 17 oct. 20) ; dans la Revue de presse la rubrique Assassinat de l’enseignant Samuel Paty (16 oct. 20) (note du CLR).
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