Revue de presse

"Jeanne du Barry de Maïwenn : adieu, néoféminisme à la noix !" (Abnousse Shalmani, L’Express, 1er juin 23)

(L’Express, 1er juin 23). Abnousse Shalmani, écrivain et journaliste engagée contre l’obsession identitaire. 1er juin 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire ""Jeanne du Barry" de Maïwenn : adieu, néoféminisme à la noix ! Par Abnousse Shalmani".

"Peut-être que le néoféminisme est déjà moribond et qu’un féminisme rationnel et productif peut naître de ce long tunnel délirant. Ce qui m’apparaît comme le plus dangereux avec le néoféminisme - qui refuse la réalité, biologique comme historique - est sa capacité à armer les ennemis du droit des femmes, à faciliter la remise en cause de l’égalité. Mais, malgré un acharnement surprenant qui refuse de prendre en compte la réalité, qui continue de présenter tous les hommes coupables et toutes les femmes innocentes depuis la nuit des temps, les lignes bougent heureusement.

[...] Maïwenn n’a que faire de ce qu’on pense d’elle, et si elle veut Johnny Depp pour jouer Louis XV, elle pense d’abord à son film avant de penser à la horde néoféministe qui prépare ses pancartes pour la prochaine manifestation contre le grand méchant patriarcat. L’absurdité du ridicule levé de bouclier néoféministe relayé par des médias complaisants contre un acteur qui n’a pas été condamné pour violences conjugales a prouvé ses limites. Les sept minutes de standing ovation, à la suite de la projection du film Jeanne du Barry, prouve qu’un bon film aura toujours le dernier mot.

Le procès Johnny Depp - Amber Heard a duré six semaines, a été diffusé en direct à la télévision, suivi par les millions de spectateurs du monde entier, qui ont assisté au déballage très intime de la vie du couple hollywoodien. Comme le précise Emily Hill, chroniqueuse et experte en relation de couple, "les femmes qui ne regardent pas les débats pensent incroyable qu’on ne puisse pas croire toutes les femmes. Elle est une femme et donc elle a été maltraitée, il est un homme et donc il l’a maltraitée. Quand on suit attentivement le procès, il semble plutôt que la maltraitance ait été mutuelle". Finalement, Amber Heard a été condamnée à verser 15 millions de dollars à l’acteur, et Johnny Depp 2 millions à son ex-femme. La justice est la gagnante de cette sordide affaire, mais, comme la biologie, ce n’est pas la justice qui intéresse les militantes du patriarcat pour tous.

Dénoncer une chimère

Dans le même temps, Véra Nikolski, publie un essai percutant : Féminicène [1]. Si on peut déplorer les inutiles précautions langagières de l’auteur craignant de toute évidence les foudres de Sandrine Rousseau et de ses sœurs et tartinant en conséquence des pages d’"elles disent n’importe quoi, le disent mal, rien n’est étayé, c’est un ramassis de conneries, mais il faut les comprendre quand même", elle parvient cependant à développer son idée, étayée scientifiquement et rafraîchissante de bon sens : "la domination masculine est un effet collatéral de la nécessité, pour l’espèce, de survivre dans des conditions naturelles hostiles, étant donné les différences physiologiques entre les sexes et le mode de procréation humain, à une époque où le rendement du travail est très faible", mais l’anthropocène va tout révolutionner en permettant l’émancipation des femmes, qui n’est pas le fruit des luttes de nos grands-mères, selon la formule consacrée, mais la conséquence de l’industrialisation, du progrès scientifique et technique qui a libéré les femmes des contraintes de la nature.

Véra Nikolski, après un vibrant plaidoyer en faveur du progrès et des scientifiques qui ont permis la chute de la mortalité infantile (qui cantonnait les femmes à la procréation) et d’alléger radicalement les contraintes qui pesaient sur les femmes et limitaient drastiquement leur liberté, interroge le sombre avenir où la question climatique pourrait renvoyer les femmes vers les cavernes. Elle plaide pour un féminisme de la mobilisation, un antinéoféminisme : "Les féministes n’ont en général aucun métier ; elles ne possèdent aucune compétence généraliste ; elles ne font rien d’autre que militer. Ce sont ces femmes, professionnelles de la dénonciation et de la plainte, qui sont mises en avant, et non les figures contemporaines du féminisme du faire." Maïwenn appréciera, ainsi que toutes les jeunes filles à qui on ne propose que l’enfer d’être nées femmes. Et peut-être que les médias cesseront d’être la caisse de résonance des néoféministes, qui ne font rien d’autre que dénoncer une chimère."

[1Voir "Féminicène" (note du CLR).


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