par Thierry Martin. 19 juillet 2023
[Les échos "Culture" sont publiés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Star londonienne la plus parisienne et icône de la mode, elle était connue pour sa relation musicale et romantique avec le chanteur français Serge Gainsbourg. Parmi leurs chansons, mentionnons la torride Je t’aime, moi non plus. La voix aérienne de Birkin, aux accents britanniques, entrelacée avec son baryton bourru dans le duo de 1969, qui l’a rendue célèbre et a été interdite en Italie après avoir été dénoncée dans le journal du Vatican.
Nous heureusement on ne comprenait pas ce qu’ils voulaient dire, bien que ce soit en français.
C’était surtout son accent british so chic et son visage so cute (tellement mignon) affiché sur le mur de ma chambre à l’âge où je préparais ma première communion, bien avant le poster des Beatles que j’ai découvert plus tard après leur séparation.
J’ai toujours eu un penchant pour les petits seins, les jolies pommes, alors pour moi elle était parfaite. On dit que 70% des hommes préfèrent les gros seins. A croire que les garçons de l’époque ne s’arrêtaient pas là. Nous étions tous amoureux d’elle. En plus elle était belle et drôle comme dans La Moutarde me monte au nez avec Pierre Richard ou La Course à l’échalotte.
Le style Birkin affiché dans les années 1960 et au début des années 1970 — cheveux longs avec frange, jeans jumelés avec des hauts blancs, mini-robes en tricot et sacs panier — incarne toujours la hauteur du chic français pour de nombreuses femmes du monde entier.
Birkin était aussi synonyme d’un sac Hermès qui portait son nom. Créé par la maison de mode parisienne en 1984 en son honneur, le sac Birkin est devenu l’un des articles de luxe les plus exclusifs au monde, avec une étiquette de prix stratosphérique et une liste d’attente de plusieurs années pour l’acheter. Ma femme, chinoise, m’a fait la tête pendant des semaines en pensant que j’étais radin pour son anniversaire. Mais c’est vrai, chérie, il ne suffit même pas d’avoir de l’argent pour s’acheter un Birkin chez Hermès.
Jane Birkin a également mené des campagnes pour Amnesty International, le mouvement pro-démocratie du Myanmar, la lutte contre le sida et d’autres causes. « Vous pouvez toujours faire quelque chose », a déclaré Madame Birkin en 2001, affirmant que vous appuyez une campagne d’amnistie contre la torture. « Vous pouvez dire : « Je ne suis pas d’accord. » Elle a rejoint cinq moines lors d’une marche à travers le Festival de Cannes en 2008 pour exiger que le Myanmar laisse les travailleurs humanitaires étrangers dans le pays pour aider les victimes du cyclone.
En 2022, elle a rejoint d’autres stars de l’écran et de la musique en France pour couper des mèches de cheveux en soutien aux manifestants en Iran. Charlotte Gainsbourg, la fille de Birkin avec Gainsbourg et aussi actrice à part entière, a coupé un bout de cheveux de sa mère pour la campagne « HairForFreedom », alors que l’Iran était englouti par des manifestations antigouvernementales.
Parmi les premiers films de Birkin, mentionnons Blow Up d’Antonioni en 1966, qui a contribué à faire connaître au public français son style et sa beauté dans le « Swinging London ». La Piscine, évidemment. Il parait que Gainsbourg était fou de jalousie de la voir tourner avec Alain Delon.
« Quand on est aussi jolie, aussi fraîche, aussi spontanée, avec une voix d’enfant, on n’a pas le droit de mourir », a déclaré Brigitte Bardot saluant une artiste « éternelle dans nos cœurs ».
En 1973 Brigitte et Jane avaient joué ensemble dans un incroyable film de Vava, Roger Vadim Don Juan 73 ou si Don Juan était une femme.
« Si drôle, si intelligente, si fragile, si généreuse, si tout ! », a écrit sur Twitter le comédien Pierre Richard.
Elle a eu une fille, Kate, avec le compositeur de James Bond, John Barry. Kate Barry est décédée en 2013 à l’âge de 46 ans. Charlotte bien sûr puis elle a eu sa troisième fille, la chanteuse et modèle Lou Doillon, avec le réalisateur français Jacques Doillon.
Malgré ses décennies de carrière à l’écran et en musique, Birkin qui ne manquait pas d’humour soupçonnait que, pour certaines personnes, le sac portant son nom pourrait être son héritage le plus célèbre. L’accessoire de mode est né d’une rencontre fortuite sur un vol vers Londres dans les années 1980 avec le chef d’alors d’Hermès, Jean-Louis Dumas. Birkin a raconté lors d’entrevues subséquentes qu’ils se sont mis à parler après qu’elle ait renversé certaines de ses affaires sur le plancher de la cabine. Elle a demandé à Dumas pourquoi Hermès n’avait pas fait un plus gros sac à main et a dessiné sur un sac à vomi d’avion le genre de sac qu’elle aimerait. Dumas fit alors faire un exemplaire pour elle et, flattée, elle dit oui quand Hermès demanda si la marque pouvait commercialiser le sac à son nom.
Dans une interview de CBS Sunday Morning en 2018, Birkin a dit en plaisantant que cela pourrait être ce pour quoi elle est la plus connue.
“I thought, ‘Oh gosh, on my obituary, it will say, ‘Like the bag’ or something,’” she said. “Well, it could be worse.” (« Je me suis dit : « Mon Dieu, dans ma notice nécrologique, on dira : « Comme le sac » ou quelque chose du genre », a-t-elle dit. « Eh bien, ça pourrait être pire. »)
Gageons qu’elle est partie rejoindre son Se’ge. Elle l’a repéré, ou plutôt le nuage de fumée de Havane, là-haut, que Gainsbourg partage avec le bon Dieu.
Thierry Martin
auteur notamment de
BoJo, un punk au 10 Downing Street,
Amazon, 2022, 312 p., 14,98 €.
Voir aussi sur marianne.net ""Puisque je te le dis", "Apocalypstick"... ces 5 pépites de Jane Birkin que vous ne connaissez (peut-être) pas" (note de la rédaction CLR, 17 juil. 23).
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