Revue de presse

J. Macé-Scaron : « Contrairement à la France, l’Autriche n’a pas de Charlie Hebdo, n’est pas laïque et n’a pas de passé colonial » (lefigaro.fr , 3 nov. 20)

Joseph Macé-Scaron, essayiste et romancier, ancien responsable du "Figaro Magazine", de "Marianne", du "Magazine littéraire". 4 novembre 2020

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"[...] Dans les drames qui se sont succédés en France, on a vu, en effet, des sociologues, des psychologues, des philosophes et autres experts en expertologie, finir par expliquer qu’au fond, nous l’avions bien cherché.

Cette fois, elles se trouvent singulièrement démunies toutes ces autruches qui plongent la tête dans le sable de leurs préjugés et de leurs certitudes pour ne pas voir la réalité qui les entourent.

Ce qui s’est passé à Vienne, montre s’il en est besoin la vacuité de leur « argumentation ». Reprenons les grandes lignes de ce pudding idéologique qui estime que la France est bien la victime de son histoire récente. L’Autriche a-t-elle un Charlie-Hebdo ? Non. L’Autriche défend-elle le principe de laïcité ? Non. Les relations entre l’État et l’Église catholique sont régies par le concordat rétabli en 1956. Des lois spécifiques ont également été prises pour divers cultes dont l’islam. On peut même souligner que le référendum qui visait, en 2013, à instaurer une véritable séparation entre l’État et les Églises a été un cuisant échec pour ses organisateurs.

L’Autriche protège-t-elle le droit au blasphème ? Non. Et elle considère nullement que la non reconnaissance de ce droit met en danger la liberté d’expression. Bien au contraire, dans son arrêt « Otto-Preminger-Institut contre Autriche » de 1994, la Cour européenne des droits de l’Homme a validé l’interdiction d’un film jugé blasphématoire par les autorités autrichiennes en invoquant à la fois la « préservation de la paix religieuse » et le respect et la protection des sentiments des croyants.

L’Autriche serait-elle alors condamnée pour avoir colonisé des peuples et des régions du globe ? La seule colonie autrichienne furent les îles Nicobar désertées un temps par les Danois sur l’ordre de Marie-Thérèse. L’épisode se referma plus vite que l’éventail de l’impératrice.

Pour ceux qui découvrent, aujourd’hui, l’existence de ces confettis d’île au large des côtes birmanes, qu’ils se rassurent, elles sont depuis 1947 colonisées par l’Inde sans que personne n’y trouve à redire puisque personne n’a le droit d’y accoster s’il est étranger.

Résumons donc : contrairement à la France, l’Autriche n’a pas de Charlie Hebdo, n’est pas laïc et n’a pas de passé colonial. En revanche, il y a un point que les autruches ne relèvent pas étrangement et il est cependant essentiel. C’est que la France comme l’Autriche compte des islamistes sur son sol. Et si c’était là, la première de toutes les causes, la présence sur ces deux sols d’un humus dépourvu de tout humanisme ? Car c’est bien ce qui se joue ici et partout sur la planète : la défense de notre commune humanité contre un monde qui en est singulièrement dépourvu."

Lire "Vienne : « La cause des attentats n’est pas la laïcité ou les caricatures, mais la présence d’islamistes »".


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