Revue de presse

"« J’ai un rôle civique à jouer » : Pap Ndiaye, un historien dans l’arène" (M Le Magazine du Monde, 5 juin 21)

22 mai 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Par Pascale Nivelle

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"[...] Au printemps 2021, il sent l’appel du devoir. Emmanuel Macron réclame du sang neuf au Musée national de l’histoire de l’immigration. Inquiet des tensions identitaires qui montent en France depuis quelques années, il cherche un lieu, et une personne, pour apaiser le débat. [...]

Selon le sociologue Michel Wieviorka, la réalité serait très politique : « Le chef de l’Etat voulait ­lancer un signal politique pour contrebalancer les positions des ministres Jean-Michel Blanquer [éducation], Frédérique Vidal [enseignement supérieur] et Gérald Darmanin [intérieur]. » Tous trois ont notamment dénoncé ces derniers mois les « ravages de l’islamo-gauchisme ». [...]

Ils l’ont aussi vu à l’œuvre dans les institutions culturelles. En 2019, le Musée d’Orsay l’a intégré dans le comité scientifique de l’exposition « Le Modèle noir, de Géricault à Matisse » [...]. L’historien s’est impliqué à fond, « avec une approche très américaine », remarque-t-elle. Chaque tableau a donné lieu à une discussion animée. Celui de Marie-Guillemine Benoist (1768-1826), qui représente une esclave en 1800, est arrivé du Louvre avec son titre actuel, Portrait d’une femme noire. A Orsay, on voulait le rebaptiser Portrait de Madeleine, le temps de l’exposition. Pap Ndiaye, de son côté, tenait à garder le titre originel, Portrait d’une négresse : « Il ne voulait pas gommer la trace de l’histoire du tableau, explique la conservatrice. On a fini par écrire des textes explicatifs sous chaque œuvre, c’était passionnant. » [...]

Un an plus tard, l’Opéra de Paris l’a appelé pour un rapport sur la diversité. [...] Un exemple : dans La Bayadère, ballet russe qui se situe en Inde, la « Danse des enfants », anciennement « Danse des négrillons », est souvent interprétée par des artistes blancs grimés, au grand dam des danseurs de ­couleur. L’historien a expliqué qu’il n’y avait pas d’esclaves noirs en Inde au XVIIe siècle. La polémique est retombée. « Pap est comme un galet, lisse en apparence, avec des convictions très dures au-dessous », décrit Constance Rivière. [...]"

Les Indigènes de la République n’ont pas émis d’objections non plus après sa nomination. Rokhaya Diallo, journaliste et militante – qui fut proche de ce groupe virulent – est même enthousiaste : « On est sur la même ligne, c’est la personne qu’il faut dans ce musée. Tout le monde ne peut pas être un activiste. » Last but not least, le New York Times a consacré, le 17 mars, une page à Pap Ndiaye, saluant l’arrivée d’un Noir dans l’ancien Palais des colonies. « La France a du mal à se considérer comme une terre d’immigration, écrit le journaliste. On attend des immigrés qu’ils oublient d’où ils viennent. » [...]

Début février, quand Frédérique Vidal a déclenché la controverse sur « l’islamo-gauchisme » à l’université, il a senti le danger. Mais « j’avais l’obligation d’intervenir, sinon je perdais toute crédibilité », explique-t-il.

Sur France Inter, il a pris sa voix la plus douce pour asséner : « Ce terme d’islamo-gauchisme ne désigne aucune réalité à l’université. Ce qui me frappe surtout, c’est le degré de méconnaissance du monde politique des recherches qui sont menées à l’université en sciences sociales et en sciences humaines. » [...]"

Lire "Immigration, colonisation, « islamo-gauchisme »… Pap Ndiaye, l’équilibriste".


Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Pap Ndiaye (note du CLR).


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