Valérie Toranian, directrice de la "Revue des deux mondes". 21 janvier 2016
"[...] Pour Alain Badiou, le djihadisme est une forme moderne du fascisme, lui-même enfant du capitalisme, « le revers d’un désir d’occident frustré, organisé plus ou moins militairement sur le modèle flexible de la bande mafieuse avec des colorations idéologiques variables où la religion tient une place purement formelle ».
On se frotte les yeux. Mais ce n’est pas fini : « Daech, poursuit Badiou, est une firme commerciale qui vend du pétrole, des œuvres d’art, du coton, des armes, des tas de choses ». Bref, Daech est la pointe armée nihiliste et morbide du capitalisme sauvage et les frères Kouachi, Mohamed Merah et Salah Abdeslam, leurs serviteurs dégénérés. [...]
Il est temps de sortir des ténèbres, conclut notre philosophe. Pour combattre l’obscurantisme religieux ? Que nenni ! Il faut au sein d’un nouveau « prolétariat nomade international […] entreprendre une sortie créatrice de l’occident enténébré. » Car les ténèbres relèvent de notre mode de vie et pas du tout des prêches des islamistes anti-mécréants, anti-femmes, anti-homosexuels, anti-science, anti-liberté.
La lecture marxiste a un avantage : elle n’est pas fatigante. [...]
Éric Fassin, sociologue de formation marxiste, explique ainsi dans l’émission 28 minutes sur Arte [1] que les agressions des femmes à Cologne le 31 décembre dernier pourraient être comprises selon une grille de lecture « lutte des classes », plutôt que religieuse ou culturelle. Car « les hommes s’en sont pris à des femmes allemandes et blanches ». On croit rêver.
Voilà où nous mène la folie qui transforme les victimes en coupables. Une femme allemande blanche, expression de la classe dominante honnie, que le pauvre migrant viendrait tripoter car elle représente pour lui le capitalisme triomphant.
Marx attaque. Surtout au cerveau. Tous aux abris !"
[1] jeudi 14 janvier.
Comité Laïcité République
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