1er janvier 2003
Le 20 décembre 2002, le ministre de l’Intérieur s’est félicité d’avoir obtenu à l’arraché l’accord de trois organisations musulmanes : la « Mosquée de Paris », la « Fédération nationale des musulmans de France » (FNMF) et l’« Union des organisations islamiques de France » (UOIF) en vue de la création du « Conseil français du culte musulman » (CFCM).
Le Comité Laïcité République rappelle que la loi du 9 décembre 1905 fut à la fois une libération pour les religions de tout contrôle de l’Etat et pour l’Etat républicain de toute tutelle confessionnelle. L’article 2 de la Loi de 1905 précise que « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Monsieur le ministre de l’Intérieur est en effet chargé des relations avec les cultes ; en aucune façon il n’est chargé de les organiser. Monsieur le ministre viole donc de façon délibérée les principes de la laïcité et la loi républicaine.
L’article premier de la même loi précise que : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes... » Déjà, Monsieur Chevènement, à l’époque où il occupait le poste de ministre de l’Intérieur, n’avait pu obtenir de ses interlocuteurs musulmans la reconnaissance du droit à changer de religion. Aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur, en choisissant quelques organisations musulmanes parmi d’autres, s’ingère directement dans le domaine privé des consciences.
Si l’objectif poursuivi est celui de la paix civile, il est à craindre que la méthode choisie n’aboutisse au résultat contraire, parce que les organisations présentes traduisent plus les luttes d’influence de l’Algérie, du Maroc et des Pays du Golfe que les divers courants de l’Islam français. Si l’Etat pense, grâce au « Conseil français du culte musulman » (CFCM) pouvoir mieux contrôler l’Islamisme sur le territoire français, il risque au contraire de le voir manipulé par des intérêts qui lui sont étrangers. Enfin, si le but est d’assurer la primauté d’un Islam modéré en France, le choix de « l’Union des organisations islamiques de France » (UOIF), liée aux « Frères Musulmans », laisse interrogateur. Quant aux mouvements les plus radicaux, il est évident qu’ils se soucient peu de la reconnaissance d’une République laïque dont ils nient même la possibilité d’exister.
Le Comité Laïcité République, fidèle aux principes énoncés dans la loi de 1905 qui veulent que le seul intérêt commun soit mis en avant par la loi commune, joint sa voix aux citoyens, de confession musulmane ou non, qui attendent de la République le libre exercice de leur religion dans le domaine privé et la garantie de leur liberté de conscience dans l’espace public. Seul le respect du principe de laïcité, affiché dans la Constitution, et la neutralité « bienveillante » de l’Etat à l’égard de toutes les religions peut assurer la paix civile et l’intégration de toutes les composantes de la Nation.
CLR, 1er janvier 2003
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
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