Revue de presse

« Il y a un éparpillement et un durcissement des votes catholiques » (Le Point, 27 oct. 22)

Florian Michel et Yann Raison du Cleuziou, auteurs (dir.) de "À la droite du Père. Les catholiques et les droites de 1945 à nos jours" (Seuil). 29 octobre 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Florian Michel, Yann Raison du Cleuziou (dir.), À la droite du Père. Les catholiques et les droites de 1945 à nos jours, éd. Seuil, oct. 22, 784 p.

"Réunis par Florian Michel et Yann Raison du Cleuziou, une trentaine de chercheurs se penchent, dans « À la droite du Père » (Seuil), sur les relations entre les catholiques et les droites en France depuis 1945. Un livre référence.

Propos recueillis par Jérôme Cordelier

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[...] Florian Michel : La démocratie chrétienne a joué un rôle important après 1945. Jusqu’en 1968, des catholiques revendiqués sont omniprésents au sommet de l’État, Edmond Michelet, Robert Schuman, René Coty, Charles de Gaulle… Leur foi influe sur la vie politique : amnisties des épurés, construction européenne… René Coty est le premier chef d’État français, « depuis Charlemagne », dit-on à l’époque, à se rendre au Vatican pour rencontrer le souverain pontife, ce que les dirigeants de la IIIe République avaient toujours évité. Il reçoit même le titre de chanoine honoraire du Latran. La Ve République naît de la droite, et le catholicisme y trouve pleinement sa place. La loi Debré de 1959 reconnaît l’existence d’un enseignement privé aux structures soutenues par l’État, c’est une forme de concordat scolaire. En 1962, la réconciliation franco-allemande est scellée lors d’une grande « messe pour la paix » dans la cathédrale de Reims, où de Gaulle et Adenauer sont entourés d’une foule de scouts.

Yann Raison du Cleuziou : Ce bref âge d’or, où les institutions catholiques et républicaines convergent dans la recherche d’une nouvelle alliance entre tradition et modernité, est brisé par Mai 68. Les relations entre les responsables de la droite et les représentants de l’Église se tendent. [...]

Y. R. C. : Les militants catholiques glissent vers une position plus conservatrice à mesure que leur combat se centre sur la résistance au changement social. C’est très frappant quand on réfléchit au calendrier des grandes mobilisations où le catholicisme retrouve sa capacité de structuration des droites. C’est toujours après une alternance et en réaction à une accélération politique du changement social. Après 1981, ce sont les manifestations pour la liberté scolaire de 1984. Après la cohabitation de 1997, c’est le mouvement contre le pacs de 1999. Et sous François Hollande, la Manif pour tous en 2012. Ces mouvements sont nés des réseaux catholiques et non des partis de droite ; les catholiques conservent quasi seuls la capacité à faire descendre le peuple de droite dans la rue. [...]

F. M. : La référence au catholicisme en politique est paradoxalement exacerbée par le contexte de déchristianisation. Éric Zemmour, bien que non chrétien, se déclare « imprégné par le christianisme » et défend l’idée que l’assimilation à la culture française nécessite de se conformer aux mœurs chrétiennes. Comme la visibilité croissante de l’islam inquiète, le catholicisme devient un marqueur culturel de l’identité française mobilisable indépendamment de la foi. Bien des catholiques de droite ont dénoncé cette trahison de l’esprit des Évangiles. [...]"

Lire "Le catholicisme reste un marqueur des oppositions qui traversent la droite".



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