Revue de presse

"Il ne suffit pas de dénoncer, il faut proposer" (Marianne, 8 jan. 16)

L’association Un stage et après. 13 janvier 2016

"Deux étudiants ont créé une association destinée à trouver des stages en entreprise pour les jeunes des quartiers. Un succès raconté dans "Marianne" cette semaine dans notre dossier consacré aux "nouveaux résistants".

Bastien Le Coz et Mickaël Vidal auraient pu être deux étudiants de Sciences-Po mignons tout plein, oubliant leurs expériences banlieusardes dans le folklore chic de la Rue Saint-Guillaume. Au contraire, pour le « projet collectif » inscrit dans le cursus de leur grande école, ils ont repris du Petit-Nanterre, un quartier si proche et si loin de La Défense où ils avaient jadis effectué du soutien scolaire. Avec l’intention résolue de refuser le repli de l’élite parisienne sur elle-même et, d’un même élan, de casser le déterminisme culturel qui attire les enfants d’immigrés pauvres vers des impasses professionnelles et sociales.

« Certains élèves de troisième sont orientés presque mécaniquement, parce qu’ils se sont persuadés eux-mêmes que certaines filières et voies professionnelles ne sont pas pour eux. Ils se privent d’ambition et s’enferment », observe Mickaël, dont la maman est médecin neurologue à l’hôpital municipal. Sans chercher l’idée de génie, les deux copains décident de tirer la sonnette du collège République pour inviter les collégiens à oublier leurs jeux vidéo et à choisir leur stage en entreprise au-delà de l’autoroute qui enclave le quartier : « Grâce à Sciences-Po, nous avions un contact facile avec quelques grandes entreprises et des administrations. Quand les élèves nous ont entendus dire que L’Oréal, Lagardère ou tel ministère se proposait de les accueillir pour autre chose qu’un stage gadget, ils étaient emballés. »

A partir d’une première expérience de 2008-2009, les compères créent l’association Un stage et après, et offrent leurs services à un autre collège, dans la Seine-Saint-Denis. « En tant que principal du collège Jean-Jaurès de Pantin, se souvient Pascal Fourestier, je manquais de contacts avec le monde de l’entreprise. Les stages proposés via l’association ont ouvert des perspectives à des jeunes, souvent issus de familles monoparentales, qui n’avaient pas appris à croire en leurs propres capacités. » Dans les vœux exprimés par les lascars réapparaissent des rêves enfouis : médecins, avocats, journalistes…

« Au Petit-Nanterre, précise encore Vidal, nous avions constaté que les gens de la mosquée du quartier avaient pris les méthodes des communistes. En concurrence avec les institutions républicaines privées des moyens nécessaires, les religieux proposent accompagnement scolaire et de travail social. Si l’on veut vraiment inverser ce courant dangereux, il ne suffit pas de dénoncer, il faut proposer. » A l’enfermement communautaire et social, Un stage et après a pu substituer, chaque année depuis cinq ans, environ 150 stages de découverte, à Paris, Saclay ou encore à Neuilly-sur-Seine, dans le grand cabinet d’audit Deloitte. « A la suite des attentats de janvier, nous avons cherché à développer notre activité. Nous avons recruté un professionnel de l’associatif, ainsi qu’une dizaine de volontaires civiques qui, dans les collèges, animent des ateliers de préparation aux stages ou des forums des métiers. »

Après Charlie, des bénévoles plus nombreux, cadres du privé ou de la fonction publique, artisans, etc., proposent leurs services. De nouvelles entreprises aussi s’impliquent, comme Nespresso qui a mobilisé une trentaine de salariés volontaires pour encadrer des stagiaires. « En France aujourd’hui, il y aurait environ 2 millions de jeunes sans emploi, sans chômage, hors du cursus scolaire. Il est là, le grand danger, qui commande à une association comme la nôtre de changer de niveau », poursuit l’intarissable Mickaël Vidal, qui n’a pas l’intention d’épouser les stéréotypes de son nouveau métier d’analyste financier dans une banque et de se couper de ses engagements. [...]"

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