Revue de presse

Iannis Roder : "Attaques contre Michaël Delafosse, "Une stratégie partagée entre Insoumis et islamistes"" (lexpress.fr , 4 oct. 24)

(lexpress.fr , 4 oct. 24). Iannis Roder, professeur agrégé d’histoire, en réseau d’éducation prioritaire, directeur de l’Observatoire de l’éducation de la Fondation Jean-Jaurès. 4 octobre 2024

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Société. Le professeur d’histoire-géographie Iannis Roder dénonce la campagne diffamatoire menée contre le maire de Montpellier Michaël Delafosse accusé de racisme envers les musulmans.

Propos recueillis par Amandine Hirou

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Lire "Attaques contre Michaël Delafosse : "Une stratégie partagée entre Insoumis et islamistes"".

"Delafosse dévoilé", "islamophobe", "policier du vêtement"… Le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, est visé, depuis plusieurs mois, par de graves accusations. Ce qui lui vaut aujourd’hui d’être placé sous protection policière, comme le révèle un article de L’Opinion, publié le 2 octobre dernier. L’enquête dévoile le mode d’action (tracts accusateurs, pétition en ligne…) mis en place par un collectif citoyen qui prétend défendre "la dignité des musulmans de Montpellier et sa métropole". Les opposants de l’élu socialiste lui reprochent certaines prises de position et actions dont le but est pourtant de faire respecter le principe de laïcité dans sa ville comme son opposition au port de l’abaya à l’école ou du burkini dans les piscines municipales ou encore la mise en place d’une offre de soutien scolaire "public, laïque et gratuite".

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Sur une boucle WhatsApp intitulée "Oumma Montpellier", les arrêtés d’interdiction des rassemblements pro-Gaza ont suscité l’ire de la communauté. Toujours selon L’Opinion, l’administrateur du groupe applaudit la politique déterminée d’Alenka Doulain, élue municipale d’opposition (LFI), et qualifie Michaël Delafosse de "maire le plus sioniste de l’histoire". Tandis que Nathalie Oziol, députée LFI de l’Hérault, aurait accusé le premier magistrat de la commune d’avoir "dévoyé la laïcité pour jeter la suspicion sur les musulmans". Iannis Roder, professeur d’histoire-géographie et directeur de l’Observatoire de l’éducation de la Fondation Jean-Jaurès, dénonce une alliance dangereuse entre des militants insoumis et des partisans de l’islam radical.

L’Express : Comment réagissez-vous aux menaces proférées à l’égard de Michaël Delafosse ?

Iannis Roder : Je trouve extrêmement choquant qu’un élu soit menacé de la sorte, a priori par un mouvement politique – La France insoumise - qui s’embarrasse peu de la vérité. Car ce qui est raconté est évidemment totalement faux. Ces accusations de racisme antimusulmans à l’égard de Michaël Delafosse ne reposent sur aucun acte ni aucun propos tangible. Nous avons affaire à une entreprise de manipulation qui vise à préparer les élections municipales de 2026 (Manon Aubry, la candidate de LFI, est arrivée en tête aux élections européennes) en discréditant le maire de Montpellier aux yeux d’une partie de la population de la ville. Ces actions qui consistent à distribuer des tracts, à mentir sur le fond, me font penser aux méthodes d’extrême droite qui, comme l’Histoire nous l’a montré, a eu pour habitude de bâtir des fantasmes autour de grandes figures politiques comme celle de Léon Blum notamment.

Une source interne aux services de renseignement affirme qu’il y aurait un "syncrétisme entre les Insoumis et des mouvances proches des Frères musulmans". De quel mécanisme est-il question ?

Les attaques dirigées contre le maire socialiste Michaël Delafosse sont la parfaite illustration de la stratégie aujourd’hui mise en place par Jean-Luc Mélenchon et LFI qui est de ne s’adresser qu’à des segments de la population. Ce mouvement politique, dans les discours qu’il tient, ne vise plus l’intérêt général mais une somme d’intérêts particuliers, notamment ceux des musulmans qu’il renvoie à leur identité religieuse. Une démarche totalement inverse à celle de Michaël Delafosse qui est un élu républicain universaliste très attaché à l’intérêt général. Au moment des élections européennes et actuellement, dans le cadre des événements au Proche-Orient, LFI n’a de cesse d’envoyer des signaux à la population musulmane en insistant sur l’aspect victimaire mais aussi sur les prétendues responsabilités des juifs dans les chaos du monde, en Israël comme en France - comme le montre le tweet de Jean-Luc Mélenchon qui visait le ministre Benjamin Haddad.

C’est là où ces militants politiques rejoignent les discours tenus par les islamistes de tous bords, aussi bien en encourageant la lecture antisémite de la marche du monde qu’en insistant sur l’idée que les musulmans seraient discriminés, toujours sous l’emprise d’une France colonialiste et raciste qui ne voudrait pas d’eux. Ils font ainsi en sorte d’empêcher leur intégration et leur assimilation. C’est l’objectif poursuivi par les islamistes et auquel collabore, de fait, La France insoumise.

Une stratégie qui cible d’ailleurs en premier lieu l’école et que Michaël Delafosse connaît bien puisqu’il est lui-même professeur d’histoire-géographie…

Bien sûr. Et pourquoi les islamistes luttent-ils contre la laïcité à l’école ? Parce qu’ils considèrent que la laïcité est justement un outil d’émancipation et qu’ils ne veulent pas que cette jeunesse, celle qu’ils voient uniquement comme musulmane, s’émancipe de ce que, eux, considèrent être leur identité immuable. Il y a là, encore une fois, une convergence d’intérêts entre les islamistes et LFI qui cherche à essentialiser les musulmans dans un but purement électoral et clientéliste. Les différentes prises de position de Michaël Delafosse, sur l’interdiction du port de l’abaya à l’école par exemple pour favoriser l’émancipation individuelle et protéger les jeunes filles des pressions d’où qu’elles viennent, vont évidemment à l’encontre de leurs démarches conjointes.

En instaurant une offre de soutien scolaire public, laïque et gratuit, notamment dans les quartiers populaires, le maire socialiste a fait en sorte d’offrir à tous les enfants la possibilité non seulement d’être aidés dans leur scolarité mais aussi de le faire dans un cadre républicain. Est-ce là l’action d’un maire prétendument raciste ? Cette accusation, ahurissante, n’en est pas moins inquiétante. L’idée de Michaël Delafosse est de lutter contre le risque de récupération de la part d’associations religieuses intégristes qui représentent un vrai danger pour la jeunesse et notre démocratie. Michaël Delafosse, à travers toutes ces actions, ne dévie jamais de sa ligne et reste fidèle à l’ADN de la gauche. Une gauche universaliste, républicaine et sociale.

Quitte à risquer de perdre une partie de son électorat… La stratégie mise en œuvre par LFI ne se révèle-t-elle pas payante dans certains quartiers de Montpellier ?

Oui, il suffit de regarder les résultats des dernières élections européennes : dans le quartier de La Paillade, par exemple, LFI a recueilli 75 % des suffrages. Ce qui veut effectivement dire que sa stratégie fonctionne. Le plus inquiétant étant que, en privilégiant les intérêts de ceux qu’ils perçoivent comme musulmans, ces militants contribuent à fracturer la communauté politique française de plus en plus divisée en différentes entités. Résultat, ces segments de population, comme les Français juifs et les Français musulmans sont renvoyés face à face par des propos et discours incendiaires et violents.

En accusant Michaël Delafosse d’" islamophobie", ses opposants politiques ne lui font-ils pas courir un véritable danger ? On ne peut s’empêcher de penser à ce qui est arrivé à Samuel Paty, victime comme lui de fausses accusations sur les réseaux sociaux…

C’est une bien funeste façon pour LFI de commémorer les quatre ans de l’assassinat de Samuel Paty. Aujourd’hui, on ne manie pas de manière anodine ce type de vocabulaire. Taxer publiquement un élu d’"islamophobie", terme sans cesse utilisé par les islamistes pour empêcher toute critique de le la religion et de ses pratiques, et que LFI a fait sien, revient très clairement à lui mettre une cible dans le dos. On sait très bien que cela peut donner l’idée à certaines personnes de passer à l’acte physiquement. Non seulement c’est extrêmement dangereux mais c’est aussi terriblement lâche puisque, encore une fois, ces mensonges et ces fantasmes proférés à l’encontre du maire de Montpellier ne visent qu’à manipuler une partie de l’opinion.

Michaël Delafosse, lorsqu’il dit "je préfère être battu que de sacrifier mes idéaux" s’inscrit dans une démarche inverse de celle de LFI. Les Insoumis, pour être élus, ont clairement choisi de sacrifier les valeurs historiques de la gauche, mais restent fidèles à la vieille antienne d’extrême gauche qui est que "la fin justifie les moyens". Ils pensent pouvoir gagner la municipalité en 2026 et sont visiblement prêts à tout. C’est là toute la différence entre un élu de gauche responsable, attaché aux principes démocratiques et un mouvement dont l’objectif est le chaos par n’importe quel moyen pourvu qu’il serve ses seuls intérêts, quitte à s’assoir sur les valeurs et principes qui guident la gauche depuis l’Affaire Dreyfus."


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