Jacques Lamagnère, enseignant, directeur d’école, président du CLR Ile-de-France. 5 mai 2021
[Les tribunes libres sont sélectionnées à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Pour qui suit notre amie Fatiha Boudjahlat, une de ses publications Facebook nous a interpellés car elle était en forme de cri d’alarme concernant des menaces de mort que recevaient sa famille et en particulier son frère Kamel.
On apprenait ainsi que ce dernier était tête de liste RN dans le territoire de Belfort pour les prochaines régionales. Cette découverte est tombée sous les yeux de Taha Bouhafs, pseudo journaliste autoproclamé mais surtout indigéniste militant, s’étant fait une spécialité, au travers de tweets ciblés à l’orthographe hésitante, de déclencher des polémiques mettant en marche une meute qui s’en prend aussitôt à la personne incriminée. Il a d’ailleurs récemment été condamné pour avoir publiquement qualifié la policière Linda Kebbab d’« arabe de service ».
La meute a donc mordu pour Kamel Agag-Boudjahlat qui a très vite reçu des menaces de mort.
Bien évidemment, Fatiha Boudjahlat, émue, a soutenu son frère. Elle a reçu de très nombreux messages de soutien mais… Le spectre du RN a vite plané sur l’affaire et, parmi les républicains et les laïques, quelques remarques furent pleine de réserves voire plus. « Il s’agit quand même du RN, ne l’aurait-il pas un peu cherché ma p’tite dame ? » Certains, parmi les « Charlie » revendiqués ont donc accrédité le fait, qu’en France, en 2021, menacer de mort quelqu’un c’est grave mais ça l’est apparemment moins quand il prétend appartenir au RN.
La suite est pour le moins étrange quand on apprend que M. Boudjahlat affirme qu’il n’est pas membre du RN et que sa candidature était une tentative d’infiltration de ce parti.
On est bien sûr dubitatif avec une nouvelle polémique sur les réseaux sociaux où certains le qualifient carrément d’idiot sans penser un instant qu’il eut pu avoir peur pour lui et sa famille car, désormais, aucune menace de mort ne doit être prise à la légère. On s’est donc focalisé sur M. Boudjahlat et non pas sur ceux qui le menacent. Belle victoire pour ces derniers qui ne manqueront pas de recommencer à la première occasion.
Cette affaire laisse un goût très amer. Elle est un constat accablant. Outre la menace physique désormais intégrée dans les polémiques, nous assistons à l’assignation à résidence politique de nos compatriotes issus de l’émigration plus ou moins récente, d’Afrique du nord ou d’Afrique sub-saharienne. Ainsi M. Boudjahlat n’a pas le droit, de part son patronyme, d’appartenir au RN, parti réservé aux français dit de souche. S’il est clair que les Bouhafs et autres malades de la race ou de la religion ont l’horizon limité avec ce qu’ils estiment compatible à leurs délires comme le Parti des Indigènes de la République, le NPA ou LFI, il est étonnant d’avoir pu lire de la part de républicains proclamés ces réserves dès qu’il fut question du RN.
Il me semble qu’en France, nul ne peut être inquiété pour ses opinions si elles respectent le cadre de la loi. Quand quelqu’un est menacé de mort, on ne cherche pas à savoir, à quel parti politique il appartient pour décider de son indignation, on condamne sans réserve.
Et si ensuite, on veut le combattre, on le fait sur le plan des idées. C’est cela une démocratie.
Jacques Lamagnère
Comité Laïcité République
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