par Patrick Kessel, président du Comité Laïcité République 19 février 2017
Horria Saïhi, Voix sans voile, éd Helvétius, 1er trim. 2016, 220 p., 20 e.
La guerre civile. Années 90. L’Algérie vit des heures sombres. Les islamistes mènent la lutte armée et assassinent des artistes, des journalistes, des syndicalistes, des ouvriers, des paysans mais aussi des dizaines d’imams. Premières victimes de ce fondamentalisme : les femmes.
C’est à elles, à ces "voix sans voile" que Horria Saïhi, grand reporter à la télévision algérienne, donne la parole. A ces femmes qui ont refusé l’islamisme et continuent de lutter en Algérie. Multiples récits poignants écrits par une journaliste qui réussit pleinement cet exercice, elle, plus habituée à exercer son métier derrière la caméra et qui a reçu en 1995 le Prix du courage en journalisme de l’International Women’s Media Foundation. Qui exhume avec une grande pudeur ces drames que l’on croit réservés aux autres mais qui n’ont pas de frontière. Surtout lorsqu’on "érige l’appartenance religieuse, quelle qu’elle soit, comme seul marqueur d’identité d’un individu ou d’un peuple", écrit Pierre Barbancey, grand reporter à L’Humanité, qui signe la préface.
Un message qui n’est pas qu’un témoignage mais aussi un appel à la prise de conscience de nos responsables politiques. Les candidats à la présidence la République pourraient en faire leur miel, qui ne voient pas ou, pire encore, ne veulent pas voir, la lente et irrésistible montée des dangers alors que les identitarismes se préparent à s’affronter.
Horria et ces femmes qui ont tout perdu pour demeurer libres et dignes nous alertent de toutes leurs forces. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas.
Patrick Kessel
Comité Laïcité République
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