Revue de presse

Guy Konopnicki : "Tragix Comix" (Marianne, 19 oct. 13)

26 octobre 2013

"La Bibliothèque nationale de France consacrant une magnifique exposition à Astérix, le quotidien Libération s’interroge sur quatre pleine pages. L’enjeu tiendrait en une simple question : "Le Gaulois irascible né dans la France de 1959 est-il toujours le symbole d’un pays divers et métissé ?"
On imagine donc Astérix s’imposant, en 1959, dans une France toute blanche. Il est vrai que, le 16 septembre de cette année-là, de Gaulle tenta de faire comprendre que le pays ne pouvait intégrer l’Algérie entière, contrairement à ce que proposait le député Le Pen, lequel entendait regénérer le pays en l’associant plus étroitement à une terre attachée à l’islam. [...]

Dans les écoles de la République, nous dessinions toujours les cartes de l’AOF et de l’AEF, nous connaissions les contours de l’Oubangui-Chari comme les richesses agricoles du Dahomey et de la Haute-Volta. Uderzo traça notre nouvel horizon : un village grossi à la loupe sur une carte de la Gaule. Un village qui résistait à l’occupant ! Cette image arrivait au moment où le général de Gaulle et André Malraux imposaient une nouvelle idée de la France, avec la Résistance pour épopée fondatrice.

Fort étrangement, cette France refondée à la Libération semble être le cauchemar de Libération. Elle s’opposerait donc à "ce pays divers et métissé", si divers et métissé que son nom, la France, se voit renvoyé à 1959. Le lecteur de Libé cherchera vainement la biographie des auteurs d’Astérix. [...]

En 1959, la gauche internationaliste découvrait l’identité des peuples, ceux d’Algérie et de Cuba. Deux cosmopolites, Uderzo et Goscinny, créaient Astérix, qui incarnait l’identité rebelle du peuple français. Et, n’en déplaise aux bardes de Libé, nous sommes tous des Gaulois fils d’immigrés !"



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