Chronique

Guy Konopnicki : “Pour une journée de la banalité” (Marianne, 24 mai 08)

28 mai 2008

« [...] Je me sens un peu écrasé par l’éloge permanent de la diversité. J’ai envie d’être considéré pour ma banalité.

[...] C’est évidemment un beau projet que de reconnaître toutes les composantes du pays. On peut ainsi s’extasier sur l’apparition d’écrivains français dont la peau est pigmentée. Si Alexandre Dumas vivait de nos jours, on parlerait de l’écrivain issu de la diversité, avant de s’intéresser au Comte de Monte-Christo ou aux Trois Mousquetaires. On s’étonnerait de voir ce petit-fils d’esclave décrire si bien le port de Marseille, le monde des armateurs et des officiers de la marine marchande. On jurerait, en lisant les Trois Mousquetaires, que Dumas était enfant de Gascogne ! Aujourd’hui, on se demande s’il faut faire entrer Aimé Césaire au Panthéon, non comme poète mais parce qu’il faut bien un Nègre.

[...] Nous apprîmes qu’une commission était chargée de proposer une nouvelle rédaction du préambule de la Constitution. Ce texte de 1946, repris sans modification en 1958, ne prend pas en compte la diversité. Les législateurs se sont contentés de moderniser la Déclaration des droits de l’homme, en précisant qu’elle s’applique aux deux sexes constitutifs de l’espèce humaine qu’il tenaient pour unique et indivisible. De ce principe, nos législateurs ont déduit, depuis 1789, que la République est composée de citoyens égaux. Pour leur rendre hommage, lançons une journée de l’indifférence et de la banalité ! »


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