Revue de presse

"Guerre des sexes à la mosquée de Paris" (Le Figaro, 27 déc. 13)

30 décembre 2013

"Un collectif de musulmanes exige de prier dans la même salle que les hommes, après qu’elles en ont été exclues.

C’est une curieuse sédition féministe qui agite la grande mosquée de Paris. Depuis quelques semaines, « devant l’affluence croissante de fidèles », le plus prestigieux édifice de l’islam en France a décidé de séparer hommes et femmes pendant la prière. Une « décision arbitraire » dénoncée par « Les Femmes dans la mosquée », un collectif de musulmanes ulcérées d’être jugées « trop bruyantes » et « reléguées au sous-sol ». Samedi dernier, leur tentative de rejoindre la salle habituelle s’est transformée, racontent-elles, en « bagarre généralisée ». Depuis, le collectif comme la grande mosquée ont saisi leurs avocats. Et une pétition contre « l’invisibilisation (sic) des femmes dans les lieux de culte » a été lancée, appelant « les autorités musulmanes de France » à se positionner « sur la place des femmes dans leur communauté ».

Il y a deux mois encore, les femmes priaient dans la grande salle commune, derrière un rideau les séparant des hommes, puisque la tradition musulmane interdit aux fidèles des deux sexes de se mélanger. « Pour leur donner plus de confort, explique-t-on à la grande mosquée, nous avons octroyé aux femmes une grande salle, non pas au sous-sol, mais à l’entresol. Toutes les femmes sont satis­faites. Elles ne peuvent certes pas voir l’imam, mais avant non plus, puisqu’elles étaient derrière un rideau ! » Dénuée de fenêtres, cette pièce, auparavant dévolue aux hommes, est située sous la salle de prière principale. [...]

Qui sont ces « activistes » ? « Ce ne sont pas des Femen musulmanes ! s’exclame Me Maati. Même si elles assument un côté militant. Elles se battent au quotidien contre des actes islamophobes, et c’est très choquant pour elles que cette mosquée qui a longtemps incarné la modération et l’ouverture les écarte sous un prétexte fallacieux… » L’une de leurs porte-parole, Ndella Paye, milite au sein du collectif « Mamans toutes égales » pour que les mères voilées puissent accompagner les sorties scolaires. L’autre, Hanane Karimi, se présentait en avril dans Imane Magazine : « J’entreprends un doctorat à la rentrée, indiquait-elle. J’aimerais me pencher sur l’articulation entre genre et islam dans la situation postcoloniale en France. Au niveau universitaire, je pro­pose une analyse alternative en ce qui concerne la capacité d’agir des femmes musulmanes françaises. »

Preuve, pour la grande mosquée, que « Mme Karimi a bâti toute sa vie sociale et religieuse autour de la contestation… ».« En région parisienne, il y en a beaucoup dans ce cas, affirme un cadre de la mosquée. Ce combat-là n’est pas le bienvenu ici. » En dehors du vendredi, rétorque Me Maati, « la salle de prière est quasiment vide ». « Mes clientes ne revendiquent pas la grande salle le vendredi, mais seulement pour les 34 autres prières obligatoires de la semaine, poursuit-il. Elles posent la question de la place de la femme dans les mosquées : certains pensent que le meilleur endroit pour prier, pour une femme, est à la maison, d’autres, derrière un rideau… » Encore « traumatisée », Ndella Paye renchérit : « Ce n’est pas la maison des hommes, mais celle de Dieu ! Nous aimerions en parler sereinement autour d’une table. »

Dans l’entourage de Dalil Boubakeur, on dément avoir reçu le courrier des féministes. « Le recteur a toujours sa porte ouverte pour dénouer les conflits, mais là, il y a des limites… », soupire-t-on. Une « réponse théologique » est toutefois en préparation."

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