10 février 2015
"La police du Wiltshire a demandé aux marchands de journaux de noter les noms des acquéreurs de l’édition spéciale de Charlie hebdo pour les inscrire à un fichier du renseignement. Elle s’est depuis excusée.
Anne Keat, retraitée du bourg de Corsham, dans l’ouest de l’Angleterre, avait demandé à son marchand de journaux de lui réserver l’un des rares exemplaires de Charlie Hebdo distribués dans le pays. Quelques jours après avoir mis la main sur l’édition spéciale de l’hebdomadaire, publiée après les attentats, son kiosquier lui a avoué qu’il avait dû donner son nom, ainsi que ceux de trois autres acquéreurs de la publication, à la police.
Elle a raconté cette histoire dans une lettre au Guardian qui l’a publiée lundi, mettant avec humour en garde les acheteurs de badges « Je suis Charlie » vendus par le quotidien en solidarité avec le titre parisien. La police du comté du Wiltshire a reconnu avoir demandé aux maisons de la presse de lui communiquer les noms des acheteurs de Charlie dans une démarche d’« évaluation des tensions dans la communauté ». Elle s’est depuis excusée de cette mesure motivée par le respect de « sécurité publique » et a assuré avoir effacé les quatre noms d’une base de données du renseignement.
« Nous espérons que c’est le résultat d’un excès de zèle d’un officier de police plutôt que d’une campagne d’intimidation de la police du Wiltshire », réagit l’association de défense des libertés civiles Big Brother Watch.
Cette bourde est révélatrice d’un climat d’incompréhension assez général dans le pays à l’égard de l’impertinence de Charlie Hebdo, au-delà de la défense officielle de la liberté d’expression. Les chaînes de télévision et la plupart des journaux ont refusé de montrer la une représentant une caricature de Mahomet, officiellement pour ne pas heurter la sensibilité de la communauté musulmane.
Ce dimanche, plusieurs milliers de personnes ont manifesté devant Downing Street à l’appel de l’association Muslim Action Forum contre les caricatures du prophète. Ses organisateurs ont dénoncé l’invocation de la liberté d’expression pour « insulter des figures considérées comme sacrées ». Ils se sont félicités de la retenue des médias britanniques pour éviter de reproduire les images du prophète de l’islam."
Lire "Grande-Bretagne : la police piste les acheteurs de Charlie Hebdo".
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
Voir les mentions légales