Discours d’hommage à Samuel Paty prononcé à Conflans-Sainte-Honorine le 16 octobre 2022. 21 octobre 2022
[Les échos des initiatives proches sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"[...] Pas de silence et pas d’oubli, d’abord et avant tout, pour Samuel Paty, pour sa personne, sa fonction et son action.
Pas de silence et pas d’oubli, également pour lutter contre ceux qui ont armé le bras de ce jeune Tchetchene réfugié en France avec sa famille, pour comprendre comment un tel acte a pu se produire et se dérouler, pour distinguer les responsabilités principales et annexes mais aussi mesurer les lâchetés, les faiblesses et les renoncements qui sont souvent les meilleurs alliés des ennemis de la République.
« Il existe quelqu’un de pire que le bourreau, c’est son valet » disait Mirabeau. [...]
Nous devons à Samuel Paty ce temps de la justice, de l’explication, mais nous lui devons aussi de poursuivre son combat pour la république, de prolonger son engagement.
Son assassinat s’ajoute à tous ceux perpétrés au nom de la volonté totalitaire d’imposer une vision intégriste de l’islam, faisant des milliers de victimes dans le monde, en majorité d’origine, de culture ou de religion musulmanes. [...]
Hannah Arendt disait du totalitarisme qu’il n’était pas un régime à proprement parler mais plutôt une atmosphère, une façon d’être.
Depuis la fatwa contre S. Rushdie, puis l’affaire des caricatures de Mahomet au Danemark et ses effets dans le monde entier, toute critique de l’islam jugée offensante par les islamistes fait courir un risque mortel à son auteur, les assassinats des dessinateurs de Charlie Hebdo et de Samuel Paty en sont les funestes exemples.
En conséquence, aujourd’hui les démocraties reculent devant l’obscurantisme totalitaire, écrire, dessiner ou présenter une image critique ou satirique envers l’islam dont la forme serait jugée offensante par l’autorité religieuse, a disparu peu à peu du débat public, interdisant de fait la liberté d’expression.
Pour exemple récent, le musée mémorial du terrorisme, dans le cadre d’une future exposition numérique ayant pour titre, « faire face aux terrorisme, l’exposition des collégiens et des lycéens », a choisi, invoquant des raisons de sécurité pour le personnel et les enseignants de deux lycées, de ne pas exposer leurs travaux : l’un sur la couverture « Tout est pardonné » de Charlie Hebdo après les attentats ; et l’autre autour de la question : « Peut-on rire de tout ? », illustrée par un dessin de Cabu.
Cette décision indique la progression lente, continue et insidieuse d’une auto-censure dont il nous faut redouter qu’elle soit l’effet autant que le signe de l’installation de ce climat dont parlait Arendt, climat délétère pour notre république précédant la prise de pouvoir un jour prochain de l’autoritarisme.
Dans notre pays, plus que la menace d’une dictature théocratique islamiste, le danger semble plutôt résider dans un affrontement qui embraserait notre république et dont l’issue pourrait lui être fatale.
En effet, à la violence criminelle du terrorisme islamiste, répond la montée de l’extrémisme identitaire. [...]
C’est en ne cédant rien de ce qui fait l’idée républicaine, en ne renonçant à aucun de ses principes, que nous serons dignes de la mémoire de Samuel Paty, que nous serons à la hauteur de son courage et de son engagement. [...]"
Lire "Discours d’hommage à Samuel Paty prononcé à Conflans Sainte Honorine le 16 octobre 2022".
Voir aussi dans la Revue de presse Mickaëlle Paty : « On ne met pas un "oui, mais" après le mot "décapitation", en France, on met un point » (charliehebdo.fr , 17 oct. 22) dans Assassinat de l’enseignant Samuel Paty (16 oct. 20),
"Caricatures : dilemme au Musée-mémorial du terrorisme" (Le Monde, 17 oct. 22),
dans Terrorisme islamiste (note du CLR).
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