20 juillet 2017
"À la Maison des femmes de Saint-Denis, la gynécologue Ghada Hatem soigne les maux des femmes.
Depuis juillet 2016, Ghada Hatem dirige le centre d’accueil confidentiel et sécurisé qu’elle a fondé. Situé à l’entrée de l’hôpital Delafontaine, c’est un lieu hors normes qui regroupe de nombreux services pour les femmes en difficulté. Dans son équipe, l’admiration pour cette femme à la personnalité hors du commun est palpable. « Elle est de ceux qui n’attendent pas que les choses se fassent mais qui les font », confie Violette Perrotte, chargée de projet. Il faut dire que son parcours lui a appris à affronter les problèmes. Née il y a cinquante-huit ans au Liban dans une famille chrétienne maronite, Ghada Hatem connaît les horreurs de la guerre civile qui ravage son pays.
À 18 ans, elle quitte Beyrouth pour faire ses études de médecine à Paris. Après avoir exercé à la maternité des Bluets et dans un hôpital militaire, elle atterrit à Saint-Denis. Ghada Hatem entreprend alors de fonder une Maison des femmes pour leur venir en aide. Cinq ans seront nécessaires pour boucler le budget de 950000 euros et convaincre les différents partenaires. Très déterminée, Ghada Hatem renonce à son poste de chef du service de gynécologie-obstétrique du centre hospitalier de Saint-Denis et passe tout son temps à chercher des fonds.
À la Maison des femmes, on trouve un centre de planning familial et des consultations spécialisées dans l’avortement et la contraception, notamment pour les mineures, à qui l’anonymat et la gratuité sont garantis. Mais, au-delà, ce sont tous les aspects de la vie de ces femmes, souvent issues de quartiers difficiles, qui sont pris en charge. Des avocats apportent une aide juridique gratuite et, si nécessaire, des policiers bénévoles les accompagneront au commissariat pour porter plainte. « L’idée c’était de regrouper tout cela au même endroit », explique Ghada Hatem.
Féministe « plus pragmatique qu’idéologique », le Dr Hatem n’est pas une adepte du consensus. Notamment dans son choix de réaliser des reconstructions d’hymen pour des femmes qui souhaitent retrouver une virginité avant un mariage traditionnel. Même si le nombre de ces opérations est anecdotique, la gynécologue les juge symboliques sur le plan des droits des femmes. Et c’est cette capacité à regarder les problèmes en face que beaucoup lui reconnaissent. « Elle a cette capacité très heureuse de dire à son équipe et aux financeurs : allez on va se retrousser les manches », confirme Karin Teepe, psychologue à la Maison des femmes. Pour Monique Veneri, conseillère conjugale, Ghada Hatem, « maîtresse femme au caractère bien trempé, est une véritable main de fer dans un gant de velours qui fonce et sait mener ses troupes ».
La gynécologue de Saint-Denis n’a d’ailleurs pas prévu de s’arrêter en si bon chemin et un projet d’annexe de la Maison des femmes est déjà dans les cartons, pour accueillir un psychiatre, une assistante sociale et un médecin légiste, afin de permettre aux femmes victimes de viol d’être examinées sur place et mieux prises en charge.
Eloïse Fagard"
Voir aussi VIDEO "Docteur Hatem, au nom des femmes" ("13h15", F2, 11 mars 17) , VIDEO Ghada Hatem : "Candidats, que proposez-vous pour garantir la laïcité à l’hôpital ?" (10 mars 17), VIDEO Ghada Hatem : "A l’hôpital, il est de plus en plus difficile de faire accepter la laïcité" (Conférence-débat du 26 nov. 16) (note du CLR).
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