Ghaleb Bencheikh, islamologue, président de la Fondation de l’islam de France. 28 décembre 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"[...] Le temps nous manque en effet alors que la maison France brûle d’un côté et prend l’eau de l’autre. Le feu embrasant est igné par les islamistes, ces activistes fossoyeurs de la pensée critique et des libertés fondamentales, promoteurs d’une identité fantasmée, magnifiée. Ils appellent à toujours davantage de rupture d’avec la société, dans une logique de défiance et de confrontation. Et l’inondation submersive est déversée par l’extrême droite, obsédée qu’elle est par la question islamique, « biberonnée » aux peurs fabriquées et à l’histoire mutilée. [...]
Formule à respecter pour être admis à danser et à s’amuser en boîte de nuit, l’exigence d’une bonne tenue – dans les deux sens du terme – se justifie a fortiori pour entrer dans l’enceinte scolaire.
La laïcité, principe fondamental et salvateur, n’a pas besoin d’être invoquée systématiquement pour faire respecter cette exigence. L’autorité de l’encadrement doit être énergique avec bienveillance, efficace sans complaisance. La fermeté doit être de mise, d’autant plus que s’habiller à sa guise ne fait pas partie des libertés fondamentales de l’élève.
Quand bien même serait-il opposé que certains élèves évoquent la dimension religieuse de l’habit – affirmation fallacieuse en l’occurrence, dès lors que l’islam n’a jamais consacré un habit canonique –, cet argument fait tomber ces accoutrements ipso facto sous le coup de la loi du 15 mars 2004. Laquelle loi doit être appliquée dans toute sa rigueur sans barguigner ni tergiverser.
Pour le reste, y compris les cas de vêtements « religieux par destination », formule kafkaïenne ajoutant au non-sens de « vêtement islamique » celui de juger des intentions présupposées, on finirait par interdire le pantalon à cause d’un sarouel « religieux par destination »… Les personnels éducatifs, qui doivent être soutenus et accompagnés afin de ne pas les voir verser dans l’autocensure, ont à veiller à ce que l’on ne vienne pas en classe en crop top, en boubou, en djellaba, en sari, en bigouden… L’école n’est pas une scène de représentations folkloriques. Il n’est pas acceptable d’être suspendu aux dires des élèves et au sens qu’ils veulent bien donner, quotidiennement, à leurs mascarades, ni aux « destinations vestimentaires » parachevant de rendre illisibles les faits, les règles et surtout les sorties de crise.
Il y a une erreur manifeste à affaiblir le principe de laïcité en le mobilisant sans cesse dans des champs où la loi commune et les règlements intérieurs suffisent. Il demeure si précieux et fondamental face aux atteintes graves telles que le refus de la mixité femmes-hommes ou l’affranchissement d’activités sportives, l’invocation de l’interdiction de la musique, l’intrusion de la pratique religieuse dans l’école publique ou la contestation de certains enseignements. [...]"
Voir aussi "Les enseignants face à l’expression du fait religieux à l’école et aux atteintes à la laïcité" (Ifop pour "Ecran de Veille", déc. 22), dans la Revue de presse la rubrique Atteintes à la laïcité à l’école publique dans Ecole (note du CLR).
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