15 octobre 2011
“Aux formes traditionnelles d’organisation populaire des "banlieues rouges" se sont, en effet, substituées de nouvelles formes d’encadrement associatif et/ou religieux : des grands frères aux imams. [...] Une fraction des jeunes musulmans diplômés, confrontés au décalage entre les positions sociales accessibles et les promesses de titres scolaires plus ou moins dévalués, aux discriminations sur le marché du travail et du logement et au racisme ordinaire, se comportent en véritables entrepreneurs d’identité, en construisant une définition de "l’Arabe" doublement opposée "aux pauvres qui ne savent pas se tenir" ni "tenir leurs enfants" et qui ont des démêlés avec la police, et aux "Arabes d’occasion" qui ont des postes à responsabilité, mais qui ne parlent plus l’arabe, ont un conjoint franco-français : d’où le repli communautaire, le prosélytisme en faveur d’un retour à la langue, à la tradition et surtout à la religion et parfois des surenchères dans la "pureté" religieuse.
Et si, de façon générale, l’offre religieuse musulmane trouve un écho chez une partie des jeunes des cités, sans doute faut-il en rechercher les raisons dans la revalorisation symbolique qu’elle favorise dans la logique de retournement du stigmate valorisant une propriété stigmatisée par le racisme ordinaire - "arabe" en en faisant une propriété élective -, arabe donc musulman.
C’est dire que l’importation du modèle multiculturel anglo-saxon n’est pas sans écho. Métamorphosant la question sociale en question raciale, elle conduit à substituer à une vision du monde social divisé en classes celle d’une mosaïque de communautés ethnicisées et, ce faisant, à renforcer les divisions au sein des classes populaires.”
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
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