Guy Konopnicki, journaliste, écrivain, chroniqueur à "Marianne". 2 août 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"[...] Avec Ninotchka, Ernst Lubitsch et Billy Wilder ont signé la critique la plus pertinente du communisme et de ses clones posthumes. Le public rit toujours, après plus de quatre-vingts ans, des slogans à peine caricaturés que Greta Garbo lance à la face du séducteur bourgeois incarné par Melvyn Douglas. Ce rire nous libère de la réalité glaciale d’un projet de société, qui passe toujours par le rejet des apparences associées aux classes dominantes.
Pour être grotesque, la querelle vestimentaire de l’Assemblée nationale n’est pas pour autant anodine. Elle survient au sein de la représentation d’un pays qui fut longtemps l’étalon du goût et la référence mondiale de la mode et qui a vu disparaître ses industries textiles et son extraordinaire chaîne artisanale de l’habillement. Les députés de gauche, hommes et femmes, qui refusent les codes bourgeois de la représentation portent les nippes de la mondialisation. Leurs tenues décontractées proviennent des bagnes industriels de l’Asie, elles sont fabriquées par des ouvriers vivant au-dessous du seuil de pauvreté. [...]
Les premiers socialistes pouvaient hésiter entre la blouse de l’ouvrier et l’appropriation de l’élégance, entre la casquette du prolo et le chapeau à bord large du socialo distingué. Ils étaient élus par les ouvriers des lainières du Nord, des tanneries de l’Ardèche et des ateliers parisiens. Nos Ninotchka de banlieue et nos faux Gavroche n’ont jamais porté le bleu de travail. Ils peuvent bien s’insurger contre un marqueur social en voie d’extinction, quand il faudrait, au contraire, militer pour le retour de l’élégance française."
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