Revue de prese

G. Chevrier : « Le communautarisme favorise la hausse des violences » (lefigaro.fr , 29 mars 22)

Guylain Chevrier, docteur en histoire, enseignant et formateur en travail social, vice-président du Comité Laïcité République. 30 mars 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"Après la mort d’un conducteur au volant d’une camionnette volée, par un tir de policier à Aulnay en Seine-Saint-Denis, le 26 mars 2022, dans des circonstances qui restent à établir, des nuits d’émeutes ont éclaté, à Aulnay et à Sevran. Ce phénomène récurrent, que l’on a toujours du mal à comprendre, concerne une population assez jeune, voire très jeune, et des quartiers à forte présence immigrée. Ne nous y trompons pas, il culmine dans le rejet des institutions, de la République et même, de la France.

Ce rejet des institutions, on peut le mesurer à travers la perception qu’ont ces jeunes de la police et de la justice. La saisie de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans cette affaire n’a pas suffi à calmer le jeu. On se rappellera alors le reportage diffusé sur France 2 sur le thème « Français, c’est les autres » (3 février 2016) tourné en banlieue, avec des jeunes de collège, essentiellement issus de l’immigration. Ils déclaraient massivement que s’ils avaient la nationalité française, ils ne se considéraient pas Français, et rejetaient même toute forme d’appartenance à la culture et à la nation françaises. En revanche, ils semblent s’identifier à ceux qui se confrontent à la police, comme l’attestent les émeutes en Seine-Saint-Denis.

Bien des clignotants nous alertent sur cette situation dégradée. Le niveau d’accueil des populations immigrées s’est envolé en une dizaine d’années, avec un solde migratoire qui a quasiment doublé. Ce qui se traduit dans un contexte de crise, par une forte difficulté à intégrer économiquement, et par ricochet aussi socialement. Une étude d’« Infos migrations » du ministère de l’Intérieur, sur le niveau de « diplôme selon le lien à la migration et les origines sociales », dévoile que « près d’un quart des parents d’immigrés n’a jamais été scolarisé », ce qui n’est pas sans incidence sur l’avenir de leur descendance en France.

Dans une enquête de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme, menée avec l’INSEE, en 2008, on notait que dans ce que l’on nomme aujourd’hui les quartiers prioritaires de la ville, le pourcentage d’illettrés était deux fois plus élevé. On indiquait aussi que « 8% des personnes qui utilisaient exclusivement le français à la maison à 5 ans étaient en situation d’illettrisme, contre 20% de celles qui utilisaient exclusivement une langue étrangère ou régionale au même âge ». On continue de banaliser chez nombre de ces jeunes issus de l’immigration l’absence de maîtrise du français.

L’entreprise est aussi révélatrice des tensions culturelles et religieuses qui traversent cette question. Selon le dernier rapport de l’Observatoire du fait religieux en entreprise (OFRE), les cas dits bloquants à ce titre, sont passés de 2% en 2013 à 16% aujourd’hui et les comportements dits « rigoristes » de 8% en 2019 à 12%... Ils concernent essentiellement l’islam. Ce n’est certainement pas la République qui y a incité, mais la montée en puissance d’un communautarisme qui contribue à une ghettoïsation de trop de quartiers d’où partent aussi souvent ces rébellions et violences.

L’on affirme que la ghettoïsation que connaîtrait la République serait le fait d’un « laisser-faire ». Pourtant, comment oublier que le parc social accueille une immigration qui accède en priorité à celui-ci en raison de son niveau de revenus ? Il est en réalité une solution essentielle pour des centaines de milliers de familles de divers horizons, qui n’auraient pas sinon les moyens de se loger.

Certes, bien des erreurs ont été commises : le regroupement familial, qui s’est traduit en partie par des situations de monoparentalité - moins favorables à un encadrement éducatif des enfants et des jeunes - ; l’importation d’une culture traditionnelle ou/et religieuse, dominée par une logique patriarcale, rendant plus difficile l’éducation aux règles communes.

Ce ne sont pas les déclarations d’Emmanuel Macron concernant les questions mémorielles qui arrangent les choses. La politique mémorielle qui consiste à demander « pardon » au nom de la République, renvoie finalement chacun à ses origines. La République qui est faite d’institutions n’y est pour rien, aux hommes politiques d’un temps d’endosser leurs actes devant l’histoire.

On parle de lutte contre le séparatisme, mais comment se fait-il alors que l’on encourage une politique de la discrimination positive ? Telle est l’opération menée par Madame Élisabeth Moreno, ministre déléguée en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, par la création d’un « index de la diversité en entreprise ». Est-ce cela qui va encore améliorer l’image de notre République et le sens donné à l’intégration, fondée sur un principe d’égalité, allègrement piétiné ici ? Un « en même temps » présidentiel une fois de plus désastreux.

L’un des leviers de la solution tient sans doute dans l’arrêt de ces confusions, en redonnant à la République toute sa place, et à l’État toute son autorité. Un constat qui devrait inciter à une maîtrise plus rigoureuse de l’immigration, mais aussi à un grand plan en matière d’intégration. Au risque sinon de voir longtemps se développer ces violences."

Lire "Sevran : « Le communautarisme favorise la hausse des violences »".



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