Gérard Biard, rédacteur en chef de "Charlie Hebdo". 25 août 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"A-t-on le droit de rire de tout, et surtout de la dernière affiche du Planning familial, sans se faire traiter de crapule réactionnaire et transphobe ? A-t-on le droit de s’interroger sur la pertinence de son discours sans se voir expédié illico dans la fachosphère ?
Résumons l’objet : on y voit un couple assis sur un canapé. Mais pas n’importe quel couple. Un homme trans (une femme biologique ayant adopté une identité de genre masculine), « racisé » pour faire bon poids, qui attend un enfant, puisque finalement la biologie a du bon, main dans la main avec son/sa conjoint·e, une femme trans (un homme biologique ayant adopté une identité de genre féminine) qui arbore une superbe barbe de trois jours.
Cela afin de nous expliquer que « des hommes aussi peuvent être enceints » et qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on vous raconte en cours de SVT.
Pourquoi en rire et pourquoi s’interroger ? direz-vous. Parce qu’on y trouve la démonstration qu’un petit dessin ne vaut pas toujours mieux qu’un long discours militant. Et parce que le Planning familial, à force de vouloir coller à l’air du temps, perd peu à peu le sens de sa mission première – et ô combien indispensable -, celle d’une association féministe laïque et universaliste engagée dans la lutte pour les droits reproductifs et l’égalité entre les hommes et les femmes.
Pensée « décoloniale », « intersectionnalité », « non-mixité », lutte contre l’« islamophobie », respect des « identités » et des « cultures », « modestie » vestimentaire – entendre : port du hijab – sont désormais les mots-clés des militantes du Planning, jusqu’à, pour certaines, refuser de prendre position contre l’excision, au nom du « libre choix de chacun·e ».
Touchée par la grâce branchée de la non-binarité, l’association se transforme aussi à l’occasion, comme on le voit avec cette campagne, en porte-voix du transactivisme le plus radical. Et le plus abscons. Elle a d’ailleurs mis à la disposition de ses troupes un « Lexique trans » leur permettant de s’y retrouver dans la jungle de la terminologie non genrée. Elles sauront ainsi qu’« il est important de comprendre qu’un couple de lesbiennes peut, par exemple, être composé d’une femme cis et d’une femme trans, ou qu’un homme gay peut avoir une vulve. Il peut aussi arriver par exemple qu’une personne transmasculine, bien que ne se définissant pas femme, garde son identité politique de gouine (réappropriation de l’insulte) ».
Ce qui peut être fort utile pour lire cette affiche, car il est possible que, dans ce couple – qui mérite qu’on l’aide comme les autres, mais qui doit représenter 0,000 001 % des cas que le Planning est amené à traiter -, l’homme trans racisé soit gouine, et que la femme trans à barbe soit gay à vulve. Mais si ça se trouve, iels cispassent (démerdez-vous pour trouver la définition).
Pourquoi en rire ? À votre avis ?"
Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Planning familial, la rubrique Transgenres, dans Femmes-hommes (note du CLR).
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