"Que pensent-ils de nous, ces intellectuels européens ? 2/8" 23 juillet 2008
Extrait. “Il nous semblait important de poser le principe d’une citoyenneté commune avant que chacun ne puisse choisir la confession de son choix. Il y a vingt ans, j’ai donné des cours au Danemark et aux Pays-Bas, et j’ai constaté que le premier élément de l’identité était la religion et que les enfants étaient élevés, parfois séparément, dans la religion de leurs pères. Cela me gênait beaucoup. Pour moi, la liberté religieuse doit être une liberté à l’intérieur d’une citoyenneté commune et pas l’emblème premier de citoyennetés différentes. L’évolution ultérieure de l’Espagne, les problèmes du Pays basque et de la Catalogne m’ont renforcé dans cet amour de l’unité nationale que ne comprend pas mon ami Bernard-Henri Lévy, qui me dit toujours : « Le jacobinisme, ce n’est pas bien. » Mais moi, j’ai de l’admiration pour le jacobinisme ! Je crois que c’est ce qui a permis à la France de conserver la diversité de ses exotismes régionaux : on peut se dire très basque, très breton, très corse, tout en se disant français. Il n’y a pas, pour la majorité des gens, de contradiction, et cela n’est pas si facile quand on voit ce qui se passe en Belgique ou en Espagne. C’est parce qu’il y a en France, depuis le XIXe siècle, un bon système éducatif unique qui a diffusé des valeurs civiques communes. C’est quand on est privé de ce sentiment unitaire, qui n’a rien d’évident, que l’on en perçoit la valeur. L’universalité n’est pas automatique, c’est l’apprentissage de l’égalité qui la permet. La France a longtemps été le modèle de ce système.
Est-elle restée fidèle à ce modèle ?
F.S. : La gauche française s’est piégée, il y a vingt ans, avec le thème du droit à la différence qui s’est vite traduit par la différence des droits, laquelle est allée très loin chez vous avec la reconnaissance de l’excision et de la polygamie. Comment a-ton pu supporter cela ? Quand elle s’en est rendu compte, la gauche avait déjà perdu beaucoup de temps et avait affaibli le modèle français. [...] La leçon de tout cela, c’est que ce n’est pas la même chose d’avoir un esprit ouvert et un esprit vide !”
Lire Les Espagnols penchaient pour le modèle français, par Fernando Savater.
Lire aussi dans l’Agenda du CLR du CLR "Identité nationale et citoyenneté" républicaine (17 nov. 07) (note du CLR).
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