27 novembre 2013
"Les récents suicides de deux couples d’octogénaires relancent le débat sur l’euthanasie. Jean-Luc Romero réclame une loi le plus vite possible.
Vendredi 22 novembre, Bernard et Georgette Cazes, mariés depuis plus de 60 ans, et tous les deux âgés de 86 ans, sont retrouvés morts dans une chambre du Lutétia, un hôtel de luxe parisien. Le couple est découvert inanimé sur le lit, un sac en plastique sur la tête et se tenant par la main. Dans une lettre adressée au procureur de la République, Georgette Cazes explique son geste. Elle y écrit sa colère de ne pas avoir pu bénéficier d’une "mort douce" et indique déposer plainte pour "non-respect de sa liberté."
Ce lundi, un autre couple d’octogénaires est retrouvé mort à son domicile, dans le 7e arrondissement de Paris. "Ce couple s’est visiblement suicidé en absorbant des médicaments", indique une source policière. Les deux retraités, âgés de 84 et 81 ans, ont été retrouvés dans leur chambre par leur femme de ménage. Là encore, ils ont laissé derrière eux une lettre dans laquelle ils justifient leur geste.
Contacté par Le Point.fr, Jean-Luc Romero, conseiller régional d’Île-de-France et président de l’ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité), ne cache pas son émotion devant de tels drames : "C’est émouvant, rare, ce genre de tragédie nous marque tous." Mais pour lui, il ne s’agit ni plus ni moins que de l’arbre qui cache la forêt. "La presse régionale se fait régulièrement l’écho de drames humains où des seniors se suicident dans des conditions violentes. Plus de 50 % d’entre eux se pendent ou se jettent dans le vide", affirme-t-il. Chaque année, la France dénombre environ 3 000 suicides chez les plus de 65 ans, soit 28 % des suicidés : "Avec le Japon, la France est le pays de l’OCDE où le nombre de suicides chez les seniors est le plus important."
"La France est extrêmement en retard sur ses voisins européens, s’inquiète Jean-Luc Romero. Elle doit s’inspirer de la Belgique, par exemple, où le droit à la fin de vie existe déjà." L’élu va jusqu’à dénoncer "un manque d’humanisme" et "une infantilisation des malades". Pour en finir avec "la situation inacceptable" qui règne à l’heure actuelle, Jean-Luc Romero réclame "une loi qui légalise l’euthanasie et le suicide assisté". Un projet de loi qui figurait déjà dans le programme présidentiel de François Hollande, rappelle-t-il. "Le gouvernement doit prendre ses responsabilités !"
Pour l’heure, un jury citoyen, missionné par le Comité d’éthique, doit statuer le 16 décembre prochain sur la question. Quelles que soient ses conclusions, Jean-Luc Romero souhaite que la loi sur l’euthanasie et le suicide assisté soit effective dès 2014. "Cela ne peut pas attendre", argue-t-il. [...]"
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
Voir les mentions légales