Patrick Kessel, président du Comité Laïcité République. 14 mai 2015
"Une nouvelle loi sur la laïcité est-elle nécessaire ?
Patrick Kessel. Cela devrait mettre un terme à deux ans de combat dans une très grande confusion. C’est l’affaire de la crèche Baby-Loup, deux ans de bataille avec des avis contradictoires. L’explication, c’est qu’à l’origine, il s’agit d’un problème politique et non pas juridique. Il n’est pas question d’interdire les crèches religieuses, mais de dire que dans une crèche publique, le personnel observe une neutralité religieuse, qu’on y respecte la liberté de conscience. Pour cela, il fallait donner un cadre législatif pour éviter les tergiversations, telles qu’on les a vues, et toutes ces difficultés. D’une manière plus générale, on a souvent laissé les enseignants se débrouiller : il faut les aider avec des lois. Rappelons que la directrice de Baby-Loup a été victime de menaces de mort, on a crevé les pneus de sa voiture !
Ce projet de loi est-il conforme à ce que vous souhaitez ?
Le premier texte de la sénatrice radicale Françoise Laborde, a été largement revu par le sénateur Alain Richard, et le texte a été transformé, dénaturé pour certains. Je ne connais d’ailleurs pas encore la mouture définitive. En tout état de cause, on doit légiférer pour le pas laisser les chefs d’établissements seuls face à l’extérieur.
Est-ce le bon moment pour un tel texte ?
Cela s’inscrit dans un contexte très pesant. On a l’impression d’assister à une guerre idéologique, notamment après les attentats de Charlie, et la magnifique mobilisation qui s’en est suivie. On constate une déchirure culturelle. Une partie de la gauche estime qu’il y a juste un problème social, et que ceux qui posent le problème culturel sont islamophobes et racistes. Nous, nous disons que oui, il y a une dimension sociale, mais qu’il y a aussi une dimension culturelle face à laquelle la République doit s’affirmer. En France, il n’y a pas de communautés musulmanes, juive, catholique, mais des citoyens. Ne pas prendre en compte la dimension culturelle, c’est faire le lit du Front national. On ne peut pas rester dans le déni avec des positions comme celles d’Emmanuel Todd ou d’Edwy Plenel.
Que vous inspirent ces affaires de « jupe longue » ?
C’est toujours de la provocation d’une minorité militante islamiste ! En ce qui concerne l’école, moi je serais partisan d’un vêtement commun, et cela résoudrait à la fois les provocations, les affaires de longueur de jupes et certaines discriminations sociales ! Pour moi l’école est un lieu sacré, qui doit se respecter, comme une église, une mosquée ou une synagogue. On y apprend le respect mutuel, la liberté, la fraternité. C’est l’universalisme de la République et c’est pour cela qu’il faut être ferme."
Comité Laïcité République
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