"Face aux caricatures, les musulmans appelés à l’"indifférence"" (Le Monde, 22 sept. 12)

24 septembre 2012

"Les appels à manifester samedi 22 septembre pour protester contre la diffusion d’extraits du film L’Innocence des musulmans et la publication de caricatures du prophète de l’islam par le magazine Charlie Hebdo laissent sceptiques nombre de responsables musulmans et de spécialistes de l’islam. [...]

Sur les sites communautaires et parmi les intellectuels musulmans, les commentaires plaident dans leur grande majorité pour "le mépris" et "l’indifférence" face "aux provocations" et au "piège" tendu par les "islamophobes". Même Ahmed Jaballah, président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), a appelé à "négliger" les caricatures de Charlie Hebdo. Son organisation, aux côtés de la Grande Mosquée de Paris, avait, en 2006, poursuivi le magazine après la publication dans ses pages de caricatures parues dans la presse danoise. Déboutées, les organisations musulmanes hésitent cette fois à porter l’affaire en justice.

L’intellectuel Tariq Ramadan, dont l’audience auprès des plus jeunes générations de musulmans de France demeure forte, a pour sa part estimé qu’" attaquer Charlie Hebdo en justice ou manifester dans les rues" serait "totalement contre-productif. Il appartient aux élites, aux intellectuels, aux savants de dire ceci : même si notre coeur est blessé, notre intelligence doit avoir la dignité de ne pas répondre et de regarder au-delà".

Sceptique quant à l’efficacité d’une plainte devant la justice, M. Muhammad plaide plutôt pour "la critique de Charlie Hebdo comme d’une publication qui fait preuve d’un courage et d’une liberté d’expression à géométrie variable", allusion à l’affaire Siné, licencié par le magazine en 2008 à la suite de la publication de propos jugés ensuite antisémites par la direction de l’époque.

Marquant une évolution d’une partie de la communauté musulmane sur ces questions, il insiste aussi sur une dissociation entre "la lutte contre l’islamophobie, qui concerne les atteintes contre les personnes ou les institutions", et " le combat contre le blasphème", qui lui paraît "inopérant". Dans le monde musulman, des voix s’élèvent en revanche pour demander une extension de la pénalisation du blasphème. Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, a, lui, regretté que "l’incitation à la haine religieuse ne soit pas réprimée par la loi comme l’est l’incitation à la haine raciale". [...]

SOS-Racisme contre le slogan "Touche pas à mon prophète"

L’association SOS-Racisme a annoncé, jeudi 20 septembre, vouloir porter plainte contre X... pour détournement de son slogan "Touche pas à mon pote", devenu "Touche pas à mon prophète" sur les réseaux sociaux mobilisés depuis une dizaine de jours contre un film islamophobe et des caricatures du prophète de l’islam publiées par le magazine Charlie Hebdo."

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