Note de lecture

F. Pupponi : Une description détaillée des méthodes invasives des islamistes (G. Durand)

par Gérard Durand. 22 février 2020

[Les échos "Culture (Lire, entendre & voir)" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

François Pupponi, Les Emirats de la République, éd. Cerf, 2020, 280 p., 19 €.

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François Pupponi a été maire de Sarcelles pendant plus de vingt ans et son livre porte la marque de ces mandats. Dès les premières pages il l’annonce clairement et son premier chapitre s’intitule « La vérité de Sarcelles ». Pour lui cette vérité est évidente : « celle d’une communauté paisible dont une petite moitié seulement continue d’avoir une pratique religieuse. La majorité sont des Français comme les autres… des Français de la middle class qui vivent comme vous, qui s’habillent comme vous et moi, qui votent comme vous et moi et qui restent attachés à leur culture ultra-méditerranéenne comme je suis attaché à ma culture corse et comme leurs voisins ont gardé la nostalgie de leur Bretagne ». Mais c’est aussi l’irruption d’un islamisme radical porté par des jeunes de la seconde ou troisième génération et de primo arrivants venus de Turquie et du Proche Orient.

Le décor est posé, d’un coté une population paisible cherchant une vie normale et d’un autre des individus dont le souhait est de revenir à la « pureté » de l’Islam, celle des temps du prophète Mahomet. Ils se distinguent par leurs codes vestimentaires et ne se cachent pas de vouloir remplacer le code pénal par la charia, cette justice coranique qui mutile les voleurs, lapide les femmes adultères et affirme la prééminence de l’homme sur la femme. Ils sont porteurs d’un Islam de conquête et pour eux, la France, où les musulmans sont nombreux, doit devenir une terre islamique. Pour notre auteur cette idéologie remontant du haut Moyen Age est assimilable au nazisme comme au stalinisme. Combien sont ils ? A l’échelle du pays entre 70 et 160000 selon les services officiels, dont environ 4000, toujours selon les services officiels, sont susceptibles de passer à un acte violent. Petit pourcentage mais capacité à faire de nombreux massacres.

Ces jeunes, pudiquement appelés « issus de la diversité » sont pour la plupart issus de l’échec scolaire, ce sont des esprits faibles, perméables aux discours idéologiques simplistes. L’ultra gauche leur dit que les Français sont complices d’Israel, les islamistes surfent sur l’"islamophobie" et beaucoup basculent dans la délinquance. A 29 ans, Chérif Chekatt alignait 67 antécédents judiciaires dont 25 condamnations et les frères Kouachi, Nemmouche ou Merah étaient tous de petites crapules. A Sarcelles, ces islamistes, soutenus par la gauche radicale, mettent les quartiers en coupe réglée et 300 à 500 individus font vivre un enfer à 60 000 habitants.

Dans les chapitres suivants François Pupponi va dérouler la naissance et le développement de cet Islam politique à partir de cette communauté paisible des musulmans républicains. L’on suit son irruption dans les banlieues et le rôle essentiel des Frères musulmans dont Mohamed Sifaoui a décrit dans un ouvrage récent (voir Mohamed Sifaoui : Frères musulmans, la pieuvre (G. Durand)) le mode d’action fondé sur la taquiya, soit la dissimulation d’un projet radical, ce sont les plus dangereux. Loin de se distinguer par leurs attitudes et leurs codes vestimentaires, souvent imberbes, ils portent costumes et cravates et l’on voit ces bons jeunes gens accueillis dans les associations, les partis politiques, se faire élire au sein de municipalités, devenir enseignants, leur modèle Tariq Ramadan pouvant parader avec un discours modéré sur toutes les chaines de radio comme de télévision.

Un chapitre entier est consacré à la faiblesse inexplicable des pouvoirs publics face à cette montée intégriste. Un seul exemple parmi beaucoup d’autres, celui d’une école coranique de Sarcelles. La mairie apprend que des enfants déscolarisés se rendent tous les jours dans certains locaux. Au regard de la loi ce n’est pas une école car aucune déclaration n‘a été faite auprès des autorités compétentes. Quand le maire appelle le rectorat, il lui est répondu que l’on ne peut rien faire car l’administration est compétente pour contrôler les écoles et qu’il ne s’agit pas d’un établissement scolaire. On ne peut donc pas fermer une école qui n’en est pas une. Il est donc possible de réunir tous les jours des dizaines d’enfants pour les endoctriner sans que personne dans l’administration n’y trouve rien à redire.

François Pupponi va au fond des choses en tentant de comprendre ce que veulent « les jeunes issus de la diversité » en nous faisant remarquer au passage que parmi ces jeunes on ne trouve jamais d’Asiatiques, ni indiens, arméniens ou pakistanais. Ils ne sont pas d’avantage issus de nos territoires ultramarins, ni juifs ni chrétiens d’Orient. L’appellation ne concerne en fait que des immigrés de plusieurs générations issus de pays à culture musulmane, majoritairement turcs ou africains. Ceux qui sortent dans la rue les soirs d’attentats, ceux qui font la fête quand les Français meurent. Ils parviennent souvent à se hiérarchiser, tout en haut les gourous, parfois issus de l’extrême gauche, en dessous les caïds, chef de bandes très souvent trafiquants de drogue ou autres choses. L’histoire des élections à Sarcelles est riche d’enseignement sur les magouilles mais surtout les intimidations de ces bandes.

Mais là n’est pas le pire. Le pire ce sont « ces communes qui font le lit de l’islamisme » et il y en a beaucoup, ici encore il nous suffira de citer quelques exemples, c’est Martine Aubry qui, à la surprise générale, autorise la séparation entre homme et femmes dans les horaires des piscines [1], c’est Benoit Hamon à Trappes [2] qui fait liste commune avec des salafistes, et quand un maire comme Eric Piolle ne se laisse pas intimider par l’irruption dans la piscine municipale d’une vingtaine de femmes en burkini [3], il est aussitôt lâché par les pouvoirs publics. Le Parti communiste est très friand de ces « citoyens de la diversité », il leur suffit d’acheter un drapeau palestinien et de l’agiter en n’importe quelle occasion pour y être accueilli à bras ouverts. Quand on ne devient pas citoyen d’honneur de la ville comme ce terroriste palestinien, assassin d’un ministre israélien et condamné à 80 ans de prison devenu citoyen d’honneur à Bezons, puis à Villerupt et à Aubervilliers. Un dernier mot sur cet autre, condamné à la perpétuité pour cinq meurtres et nommé citoyen d’honneur à Pierrefitte, à Vandoeuvre puis dans trois villages de Corse du sud. La mathématique électorale doit aussi nous rendre très prudents. Dans la plupart des villes de banlieue, plus de la moitié de la population ne s’est pas inscrite sur les listes électorales et parmi les inscrits le taux d’abstention est le même que partout ailleurs et dépasse souvent la moitié des inscrits, parfois les deux tiers, en conséquence un parti ne représentant que 6 à 10 % des habitants, soit deux ou trois mille voix, peut très bien emporter une ville de 45 000 résidents, ce qui pourrait bien se produire prochainement dans quelques villes, comme Garges les Gonesses [4].

Pour terminer sur le thème de l’aveuglement et de la complicité, François Pupponi prend l’exemple du Bondy blog. L’histoire commence en 2011 avec un jeune homme très talentueux, Medhi Meklat, et son ami Badroudine Saîd Abdallah [5]. Des chroniques sont publiées sur le média en ligne parlant de la vie de la cité. Meklat est également chroniqueur radio, vidéaste et écrivain. En 2015 les deux amis cosignent un roman brillant publié aux éditions du Seuil sous les éloges de la critique. Seulement voila, sous le pseudo de Marcellin Deschamps, Medhi Meklat publie pendant quatre ans une longue série de tweets racistes, antisémites et misogynes particulièrement virulents ; Natacha Polony y est traitée de grosse pute qu’il égorgerait volontiers, il se félicite que sans les Arabes nous n’aurions pas eu Mohamed Merah et sur le meurtre des journalistes de Charlie Hebdo un seul commentaire : « Qu’ils crèvent ». Pour ces braves garçons il faudrait faire revenir Hitler pour finir de supprimer les juifs, rien que cela.

En conclusion François Pupponi rappelle que ces fanatiques ne doivent pas être confondus avec la majorité des musulmans, qui sont le plus souvent les premières victimes de leurs délires et trace pour eux quelques propositions leur permettant de se soustraire à leurs nuisances. Il est à craindre qu’elles n’entraineront pas l’enthousiasme des laïcs, d’autant plus qu’elles sont contradictoires. Après avoir estimé qu’il ne fallait pas changer une ligne à la loi de 1905 il déclare

  • qu’il faudrait un moratoire sur le financement des lieux de culte afin de permettre aux mairies de construire des mosquées.
  • que le concordat devrait être étendu à tout le territoire pour permettre de salarier les imams comme les prêtres, les rabbins et les pasteurs.
  • que l’on doit permettre aux femmes voilées d’accompagner les sorties scolaires.

Il n’y a donc plus de loi de 1905.

Chacun jugera en conscience mais si ce livre est utile par sa description des méthodes invasives des salafistes et surtout des Frères musulmans, il perd de sa force par quelques pages où l’on sent une sorte de règlement de compte électoral et ces conclusions que l’on ne voit pas venir à la lecture.

Gérard Durand

[2Voir Trappes (note du CLR).

[3Voir Grenoble (note du CLR).

[4Voir Garges-Lès-Gonesse (note du CLR).

[5Voir Mehdi Meklat (note du CLR).


Voir aussi la rubrique Sarcelles (note du CLR)


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