par Patrick Kessel, président d’honneur du Comité Laïcité République. 2 octobre 2018
Françoise Laborde, Michèle Créoff, Le Massacre des innocents : "les oubliés de la République", Amazon, 167 pages, 7,91 euros.
Les violences faites aux enfants sont bien plus nombreuses qu’on l’imagine et elles demeurent tabou, comme l’infanticide, l’abandon, l’inceste. Il est urgent de réagir à cette situation qui fait de « la France le pays de l’indifférence aux enfants martyrs ». Tel est le message de Michèle Créoff , vice-présidente du Conseil national de la protection de l’enfance, et Françoise Laborde, journaliste, ancien membre du CSA, qui dans leur ouvrage intitulé Le massacre des innocents (diffusé par Amazon), lancent un manifeste contre les violences familiales d’Etat.
Les chiffres rendus publics par les deux auteures sont saisissants. Et le silence qui les accompagne est effrayant.
Ainsi, en France, chaque semaine, deux enfants sont tués dans le cadre du cercle familial. 7000 mineurs ont été violés et plus de 70 000 victimes de violence en 2016. 300 000 enfants sont pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance, 160 000 sont retirés à leur famille et 70 000 restent handicapés. Ajoutons que 70% des enfants placés n’ont aucun diplôme et que 40% des SDF de moins de 25 ans sont d’anciens enfants placés qui sont « renvoyés » de toutes les structures d’accueil le jour de leurs 18 ans parce que c’est la loi !
Le sous-titre de l’ouvrage, "Les oubliés de la République" n’est pas volé !
Les médias évoquent le sujet à l’occasion de faits divers, lorsqu’il s’agit de « mères infanticides, de couples toxiques, de pères tortionnaires, de mères maléfiques qui imposent à leurs enfants une torture sans fin jusqu’à la mort ». Mais bien vite, on oublie. « Pourquoi sommes-nous sourds à la souffrance de ces enfants ? D’où vient cette souffrance ? Quelle tolérance avons-nous pour les tortionnaires, les pédophiles, les maltraitants en tout genre ? Quel avenir pour les enfants placés et tous les autres qui restent avec des familles maltraitantes ? Les juges à l’aide sociale font-ils leur travail dans l’intérêt de l’enfant », s’interrogent les deux auteurs ?
A partir d’exemples concrets, Michèle Créoff et Françoise Laborde font le tour des problèmes en dénonçant ces violences, ces « incuries qu’on préfère cacher » et en portant « la parole de ces enfants, dont personne n’entend les appels à l’aide ».
L’ouvrage, salutaire appel à la mobilisation, s’achève par un Manifeste, adressé aux pouvoirs publics que les lecteurs sont invités à soutenir. Certes, les enfants ne votent pas, ne manifestent pas. Ce ne saurait être une raison pour taire le scandale de ces « oubliés de la République ».
Patrick Kessel
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
Voir les mentions légales