Note de lecture

F. H. Timour : le bilan accablant des religions

par Claude Ruche 26 juin 2015

Frank Henry Timour, Le Livre noir des religions, Ed. de l’Epervier, 514 p., 25 €.

Le Livre noir des religions, du Canadien Frank Henry Timour est un ouvrage absolument passionnant et terrifiant, parce qu’il met en évidence que le fondement de toute religion se trouve dans la guerre. De la préhistoire à Daesh, il décrit la face sombre des religions à travers les grands évènements de l’histoire de l’humanité et nous en propose une relecture qui éclaire d’un jour nouveau les relations toujours ambigües entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel.

En 514 pages, l’auteur fait revivre les millions de morts sur lesquels les religions ont construit leur pouvoir et dévoile les mystifications historiques qui leur ont permis de masquer leurs méfaits. Aucune religion n’est épargnée dans cette lente descente aux enfers qui apparait soudain comme ce qu’elle est, c’est à dire une guerre totale contre l’intelligence et la raison. Depuis que l’idée de dieu habite les hommes, ils ont massacré en son nom, partout sur la planète, tous ceux qui faisaient obstacle à leur expansion sans limite pour l’élimination systématique de toute forme de concurrence ou de contradiction. On tue les membres de religions concurrentes, et quand on a fini, on s’entretue entre courants de la même religion.

Intimidations, massacres, pogroms, génocides, tortures, tueries, carnages, mutilations, mais aussi censure, Index, autodafés furent utilisés de tous temps par les armées de dieu avec un sadisme assumé puisque tuer au nom du divin n’est pas tuer mais sauver une âme perdue. Ce que nous démontre ce livre c’est qu’il n’y a pas d’un coté les victimes et de l’autre coté les coupables, puisque toutes les religions se sont alternativement rendues coupables de crimes contre l’Humanité.

L’objectif principal de ce livre est de dresser le bilan criminel des religions à travers l’analyse et le récit de ce qui a vraiment eu lieu, en s’appuyant sur les témoignages de ceux qui en furent témoins et qui ont observé, noté, dénoncé. Loin de l’histoire hagiographique qui continue de sanctifier des criminels avérés, loin des euphémismes de ces faux historiens des religions pratiquant une propagande fondée sur l’autocensure, qui présentent des appels au meurtre et des massacres réels comme des métaphores poétiques, loin aussi de tous les analystes qui écartent des faits, croyant donner plus de force à leurs idées, Le livre noir des religions raconte l’histoire vraie des crimes des religions, en tous lieux et en tous temps.

La démonstration est imparable car elle est étayée non seulement par des faits mais aussi par des textes de référence qui la rendent indiscutable. Vous croyez tout savoir sur l’incendie de Rome, sur les guerres de religions ou sur le génocide rwandais ? Vous serez surpris de l’immense pouvoir des religions à falsifier l’histoire.

A ce titre, la partie réservée à l’analyse des textes sacrés est éloquente puisqu’elle démontre que l’organisation inégalitaire des sociétés repose sur une codification religieuse avalisant l’exploitation systématique de l’Homme par l’Homme. Si les processus de différentiation sociale sont le produit de mécanismes économiques et sociaux concrets, c’est la religion qui leur donne du sens, les justifie et les pérennise. Le rôle des religions dans l’esclavage, par exemple, éclaire d’un nouveau jour la prétendue spiritualité des écritures sacrées qui n’est qu’une imposture destinée à maquiller le message de soumission politique à l’ordre établi, afin de pérenniser un ordre injuste.

Mais ce que Frank Henry Timour veut d’abord nous faire partager, c’est la conviction qu’il n’y a pas de paix possible sans la disparition totale des religions de l’espace public et leur entière relégation dans l’espace privé. Ce livre est un long plaidoyer pour une application stricte du principe de laïcité qui prône la désacralisation du calendrier et le redécoupage de la semaine en 6 jours qui ferait disparaitre le dimanche, shabbat et le vendredi de prière. Si tout cela peut sembler radical c’est que l’auteur n’a pas peur de le clamer : l’Humanité est en danger !

Claude Ruche


Comité Laïcité République
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