Revue de presse

"Extrême droite : Honte aux évêques français !" (Golias, 18 juin 24)

24 juin 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"Alors que les catholiques pratiquants ont voté plus massivement que la moyenne des Français pour l’extrême-droite lors du scrutin des européennes le 9 juin (32 % d’entre eux pour la liste de Jordan Bardella et 10 % pour la liste de Marion Maréchal), le silence des évêques français dans la campagne des élections législatives est assourdissant. Leur désertion en rase campagne électorale est une faute devant le pays, mais surtout devant l’Evangile.

Les sondages jaugent à hauteur de 8 à 10 % de la population la proportion des catholiques dits pratiquants. Longtemps, ceux que l’on appelait les « messalisants » ont constitué un bloc assez homogène, ancré dans la droite républicaine. Ils ont voté très majoritairement en faveur de Nicolas Sarkozy en 2012 (45 %), puis, malgré les affaires, ils se sont prononcés pour François Fillon en 2017 (46 %) ; seule une minorité, moins de 20 % d’entre eux, se déportèrent alors vers la droite dure, franchissant le cordon dit sanitaire, tendu face à la progression des partis nationalistes et souverainistes. C’est en 2022 que ce cordon s’est nettement coupé : le vote catho a alors suivi celui de l’électorat de droite, lâchant Valérie Pécresse pour bifurquer vers Marine Le Pen et Éric Zemmour. Les candidats d’extrême-droite obtenaient 40 % des voix des pratiquants.

Spectre du « grand remplacement »

Pour comprendre un tel glissement et sa nouveauté, la cassure pour le moins vertigineuse qu’il représente, il faut tout d’abord se rappeler qu’il intervient dans un contexte de déchristianisation, avec l’effondrement des pratiques catholiques. Dans tous les villages, les églises se ferment et elles se vident dans les villes où elles restent ouvertes. « Le socle anthropologique et culturel catholique sous-jacent de la société française a sauté », comme l’observe le sociologue Jérôme Fourquet1. Les catholiques ne vivent pas dans un bocal. Ils se laissent emporter par les mouvements d’ampleur qui travaillent l’ensemble du corps électoral. Et quand ils se manifestent encore en tant que tels, c’est avec la « Manif pour tous », pour interdire le mariage aux couples de même sexe, avec Alliance-Vita, pour mener la croisade anti-IVG, et autres « Soulager mais pas tuer », pour bloquer la loi sur la fin de vie. Toutes les manifestations qui s’inscrivent à droite, toutes, charrient des remugles identitaires, et agitent le spectre du « grand remplacement » : tandis que nos églises se ferment, des mosquées s’ouvrent, clament-ils.

« J’appelle la droite à abolir enfin le fameux et funeste cordon sanitaire », professe Eric Zemmour. Message bien reçu donc par les catholiques pratiquants lors des Européennes du 9 juin, désormais plus enclins à voter RN ou Reconquête que l’ensemble des Français, avec un score de 42 points. Alors que les « cathos de gauche », divisés et déçus, ne sont plus entendus comme ils l’ont été pendant plusieurs décennies après Vatican II, ces catholiques pratiquants ont pris conscience de leur statut de minoritaires et ils ont opté pour la stratégie du repli, envoyant leurs enfants dans des écoles confessionnelles, les enrôlant dans des troupes de scouts paramilitaires , déployant une contre-culture avec ses événements folkloriques d’ampleur, ou au Puy-du-Fou, où comme le note l’historien Patrick Boucheron, « une toute petite France est célébrée, une conception étriquée de son histoire, réduite à quelques chromos surannés »2, happening de la France chrétienne immuable et hors d’âge, fille aînée de l’Eglise retranchée de la post-modernité et de sa diversité. [...]"


Voir aussi dans la Revue de presse les dossiers Le "vote catho" dans Eglise catholique dans Religions, églises, Elections 2024 (note de la rédaction CLR).


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