Revue de presse

"Enzo Parissot, Axelle Dorier, Adrien Perez.... Ces nombreuses victimes qui n’ont suscité aucune indignation politico-médiatique" (lefigaro.fr , 4 août 23)

5 août 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "Enzo Parissot, Axelle Dorier, Adrien Perez.... Ces nombreuses victimes qui n’ont suscité aucune indignation politico-médiatique".

"[...] « Notre président de la République a une indignation sélective. Est-ce qu’il a eu un mot pour Enzo ? Est-ce qu’il a eu un mot pour notre fils Adrien ? Il n’y a rien eu, aucune compassion. » [...]

La liste des victimes mortes dans une sorte d’indifférence politique et médiatique semble interminable. Pour certaines affaires, néanmoins, les familles de victimes préfèrent décliner les sollicitations des journalistes, du moins dans un premier temps, afin de respecter le temps du deuil. En l’occurrence, il n’y a pas d’« omerta » médiatique, comme on l’entend parfois, mais plutôt une volonté des familles de se protéger.

Peut-on néanmoins parler d’une indignation médiatique à géométrie variable ? Pour Jean-Marie Charon, sociologue des médias, « la manière dont les rédactions trient et sélectionnent les sujets est un sujet assez complexe sur lequel on ne peut que poser des hypothèses ». « Lorsqu’on suit les dépêches d’agences, l’accumulation de faits divers est impressionnante », constate-t-il.

« Concernant l’affaire Enzo, nous sommes, hélas, dans la récurrence d’un certain nombre de faits : des bagarres entre jeunes qui se terminent par la mort d’un jeune. C’est devenu une triste banalité. Et puis ça se passe dans l’Eure, dans un endroit avec une moindre visibilité. Quand vous êtes dans une rédaction, vous allez en parler mais dans un flash radio ou une brève en presse écrite », estime le sociologue. « Lorsqu’il y a des morts de jeunes dans les banlieues marseillaises, leur vécu est noyé et on ne donne même plus leur nom », remarque-t-il.

« Climat d’attente »

Pour Jean-Marie Charon, l’émergence médiatique d’un fait divers est notamment liée à ce qu’il appelle « un climat d’attente ». « Nous avons des stéréotypes, omniprésents dans nos représentations du fonctionnement de la société, qui vont se concrétiser dans la réalité par un fait divers ». Il cite la récurrence des tensions entre les jeunes de banlieue, souvent issus de l’immigration, et la police. « Je suis sensible à ce qui peut être générateur de représentations ayant une certaine permanence. Ce face-à-face entre les jeunes et la police fait tout de suite image. Il y a un jeu d’acteurs dans les rédactions et de beaucoup de gens dans la société. Ces sujets-là reviennent sans arrêt dans l’actualité avec le même schéma : la mort d’un jeune, des tensions, des risques d’émeutes. Et quand un fait divers se produit, les médias vont y être d’autant plus attentifs », estime le chercheur.

Autre élément avancé par le chercheur pour expliquer l’émergence d’un fait divers : « l’interférence entre les rédactions et les réseaux sociaux ». « Avant, on avait une hiérarchie naturelle : les journaux donnaient la force des sujets. En radio et en télé, on commençait par ce qui faisait la une des journaux. Cette hiérarchie n’a pas totalement disparu mais a été bousculée par le poids que pèsent les réseaux sociaux. Il y a une obsession des médias à surveiller les réseaux sociaux en continu », analyse Jean-Marie Charon. Lorsqu’un fait divers survient, le chercheur évoque l’importance de la réactivité de certains milieux sociaux, qu’ils soient sociologiques ou politiques. [...]"


Illustration : montage Le Figaro.


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