Ghaleb Bencheikh, islamologue, président de la Conférence mondiale des religions pour la paix. 20 décembre 2016
"[...] Ceci s’explique, a fortiori en Europe, et notamment en Allemagne, par le fait que l’implantation des musulmans est récente ; pour certains, elle est même invasive et dangereuse. Ce n’est plus l’islam apaisé de la tradition multiséculaire, mais qui relève désormais de la revendication, un islam prêché par des doctrinaires, des idéologues, etc. De ce fait, l’islam tel qu’il est pratiqué en Europe actuellement présente un aspect d’activisme de l’islam, et notamment en France et en Allemagne. On remarque que cet activisme, du moins en Allemagne, est davantage l’apanage des mosquées tenues par des musulmans de souche arabe plutôt que turque, alors que la caractéristique de l’islam en Allemagne est d’être davantage coloré par la souche turque. Ce qui est étonnant et intéressant dans le témoignage de ces réfugiés, c’est de dire qu’ils trouvent ce type d’enseignement plutôt radical, contrairement à ce qu’ils ont pu connaître chez eux avant la tragédie syrienne. [...]
Les réfugiés syriens ont été contraints de fuir leur pays, du fait de leur situation ; ce n’est pas là une migration de nature économique. Nous sommes généralement en présence de gens instruits, c’est-à-dire "sensés". Ils découvrent alors que ce n’est pas la tradition religieuse à laquelle ils étaient habitués, ce qui les choque.
L’islam est devenu, tout du moins en France, le support d’une rupture, d’une radicalité. Ces deux dernières décennies, la tradition islamique a été prise en otage par les radicaux, les doctrinaires, voire les criminels et les terroristes, mais également par l’idée d’un retour en force de la religion - après que les routes de Katmandou ont été taries - se manifestant, dans le cadre islamique, par l’ostentation des pratiques, l’excès de zèle, des effets vestimentaires et alimentaires, etc. Ce que j’appelle une "normativité religieuse excessive". [...]"
Lire "Quand les réfugiés syriens, en Allemagne, trouvaient les mosquées locales beaucoup trop radicales".
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