(J.-M. Rouart, Le Figaro, 23 oct. 23). Jean-Marie Rouart, écrivain, membre de l’Académie française. 29 octobre 2023
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Lire "Jean-Marie Rouart : « Emmanuel Macron, tartuffe de la langue française à Villers-Cotterêts City »".
"[...] S’il est un domaine dans lequel il est loin de briller : c’est dans la défense de la langue française. Il faut chercher loin dans l’histoire de France pour trouver un responsable politique qui lui aura autant nui. [...]
Pourquoi sanctifier un symbole dans le même temps où l’on abandonne la langue française à une inéluctable détérioration qui la condamne à devenir une langue morte remplacée peu à peu par un sabir franco-anglais. Il suffisait de suivre l’exemple des Canadiens qui, eux, résistent courageusement, et se désolent de notre laxisme. [...]
Est-ce vraiment un service à rendre à la langue française que d’inaugurer en grande pompe un lieu de réflexions platoniques qui risque de tenir le pompon dans la vaste farandole des comités Théodule et des usines à gaz bureaucratiques si vaines sur le plan pratique mais si utiles pour recaser les recalés des officines politiques dont on ne sait plus que faire. Usine à colloques, couveuse de symposiums, grande pondeuse d’acronymes, il offrira un véritable paradis pour les linguistes qui se livreront avec ivresse à leurs absconses turlutaines sémantiques. Beaucoup sont à la langue française ce que le pédagogisme est à l’éducation.
À quoi servira ce « laboratoire de la francophonie » situé à une heure de Paris et baptisé « Cité internationale de la langue française » ? Oui, à quoi servira ce joujou présidentiel ? Rien n’est plus flou que sa mission. Une mission qui, telle que la définit Paul Rondin, le nouveau directeur, ancien président du Festival d’Avignon, cofondateur de la French Tech Culture (non, cher lecteur, ce n’est pas une blague) laisse rêveur : « La langue est un nuage qui se défait, qui se refait, et qui crée des formes nouvelles à chaque fois. » Avec une telle déclaration, nous voilà bien armés pour lutter contre la détérioration de notre langue. Ce qu’on sait dans ce brouillard d’intentions, c’est qu’il sera beaucoup question de francophonie : le soutien du président qui a contribué à placer à sa tête de cette organisation une ancienne ministre rwandaise de Paul Kagamé, connue pour avoir promu dans son pays l’anglais au détriment du français, accroît notre perplexité. [...]
Enfin pour parachever la visite de ce château par une note comique, il paraît que sous la verrière flotteront suspendus au plafond des mots désuets employés par le président, « saperlipopette », « carabistouille », ce qui prouve que les organisateurs ont trouvé leur inspiration chez Kim Jong-il junior, autocrate d’un pays où l’on a porté la flagornerie au niveau d’un art.
Tout cela prêterait à sourire si le président lui-même ne s’était pas rendu coupable des plus graves entorses à la langue française. Ce qui lui a valu en compagnie de Guillaume Pepy (Ouigo) d’obtenir le prix de la Carpette anglaise, donné par une académie parodique à ceux qui se soumettent éperdument au franglais. Après avoir posé avec un sourire réjoui lors du « One Planet Summit » à Paris, tenant une pancarte « Make our planet great again » : il nous a asséné un « Choose France » à Versailles, « une start-up nation » et il a fait école : Olivier Véran, pendant qu’il nous bassinait avec des conseils d’hygiène élémentaire pendant le Covid, n’a pas pu trouver un autre mot que « cluster ». [...]"
Voir aussi dans les Initiatives proches "Emmanuel Macron Carpette anglaise 2022" (Avenir de la langue française, 17 déc. 22) dans le dossier Prix de la Carpette anglaise dans Langue française (Défense),
dans la Revue de presse la rubrique Langue française, le dossier UE : langue dans la rubrique Europe (note de la rédaction CLR).
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