Revue de presse

"Eglise incendiée à Fontainebleau : une indignation à deux vitesses ?" (lavie.fr , 12 jan. 16)

13 janvier 2016

"Dimanche 10 janvier, l’incendie et la profanation d’une église à Fontainebleau ont provoqué une vive émotion chez les catholiques. Comme souvent, certains croyants reprochent aux hommes politiques et aux médias une indignation à deux vitesses, en faveur des musulmans et au détriment des chrétiens. Qu’en est-il vraiment ? Tour d’horizon des réactions politiques.

Dimanche 10 janvier, les paroissiens de l’église Saint-Louis de Fontainebleau, en Seine-et-Marne, ont découvert leur église noircie par les flammes, des hosties consacrées jetées au sol, une vierge à l’enfant du XIVe siècle envolée... Pour le préfet Jean-Luc Marx, l’origine criminelle ne fait aucun doute. Dix kilomètres plus loin, un autre incendie s’est déclaré le même matin dans l’église de Veneux-les-Sablons, a priori d’origine accidentelle. En forêt de Fontainebleau, la croix de Guise a été renversée dans la nuit du 9 au 10 janvier, sans qu’un lien puisse être établi pour le moment avec l’incendie de l’église de Fontainebleau.

Lundi 11 janvier, l’émotion était vive chez les catholiques. Et comme souvent, sur les réseaux sociaux, certains n’ont pas tardé à dénoncer le « silence » des médias et de la classe politique et l’indignation sélective qui privilégierait la communauté musulmane ou juive au détriment des chrétiens. Le Front National, qui a fait du « deux poids deux mesures » un marqueur de son discours, s’est engouffré dans la brèche. « Où sont les cris d’orfraie politiques et médiatiques ? » a raillé Marion-Maréchal Le Pen sur Twitter, épinglant une « indignation sélective. »

Pourtant, cette fois-ci, la réaction du gouvernement a été ferme. Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur et des cultes, s’est rendu à Fontainebleau lundi en fin de journée pour constater les dégâts de l’église Saint Louis. Sur place, il s’est dit « choqué » par « la dimension symbolique de cet acte abjecte. » Un soutien d’autant plus apprécié par Frédéric Valletoux, le maire (LR) de Fontainebleau, qu’il n’avait jusque-là reçu « aucune nouvelle directe du gouvernement. » La veille, Bernard Cazeneuve avait tout de même fait part, dans un communiqué, de sa « vive émotion », précisant que le préfet de Seine-et-Marne s’était rendu sur les lieux à sa demande, et que le parquet avait ouvert une enquête « qui permettra de faire la lumière sur les causes de chacun des sinistres. »

A droite, plusieurs responsables politiques ont très vite condamné ces atteintes qui visent les chrétiens. [...] Lundi en fin de journée, Nicolas Sarkozy a annoncé sur Twitter qu’il s’était entretenu avec le maire de Fontainebleau. Un peu plus tôt, son parti avait publié un communiqué incisif [...].

A gauche en revanche, les politiques ont fait le service minimum. Lundi matin, Jean-Christophe Cambadélis, le patron du Parti Socialiste, a été apostrophé au sujet de l’incendie de l’église de Fontainebleau par Guy Birenbaum sur France Info : « Je suis allé sur le site du Parti Socialiste comme j’ai l’habitude de le faire.Vous avez souvent communiqué sur des profanations de mosquées, là, pour le moment, rien. Est-ce que vous condamnez explicitement ce qu’il s’est passé ? » interroge le journaliste. « Tout à fait, nous condamnons explicitement, je n’explique pas pourquoi le communiqué du Parti socialiste n’est pas sur le site... » a répondu Jean-Christophe Cambadélis. Vérification faite, le PS avait bien publié un bref communiqué, faisant part de sa « pleine émotion » après le double incendie en Seine-et-Marne.

Alors que la France commémore les attentats de Charlie Hebdo et s’interroge sur la place des religions dans l’espace public, la question du traitement accordé à chaque religion et celle de la protection des lieux de culte, sont particulièrement sensibles. Après les attentats de janvier, les actes anti-musulmans avaient connu un pic. Si ces derniers sont répertoriés par le ministère de l’intérieur, ainsi que les actes antisémites, ce n’est pas le cas des actes dirigés contre les chrétiens."

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